Il ruisselle du ciel des larmes de lys blanc
Qui musellent le soir d’un éclair de dentelle
Et cousent le silence au bec d’une hirondelle
Qui se pose soudain sur le marbre d’un banc.
 
Des arlequins happés par le pas d’un chaland
Percent tous les secrets d’une sombre chapelle
Dont le riche vitrail comme une sentinelle
Repousse les esprits jusqu’au bord de l’étang.
 
Le monde enterre l’or sous un boisseau de neige
Pour cacher le chagrin et son triste manège
Par des mots dévorant le cuivre d’un étau.
  
Or le savon pétrit des bulles en broussaille
Que le vent de la nuit à grand coups de marteau
Enfonce dans nos cœurs barbouillés de grisaille.
 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Soierie de marbre @2015


Publié le 08/03/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 08/03/2025
Il y a là un joli damier de couleurs sur lesquelles évoluent les pièces de ton poèmes, pour mettre en échec la tristesse et le mauvais sort. C’est la mise en mouvement des mots et la farandole poétique qui peuvent à coup sûr déjouer les plus sinistres prévisions. Tes vers, comme les bottes de sept lieux franchissent les montagnes d’ennuis avec la plus notable allégresse. Longue vie à la poésie et à ses serviteurs.
Publié le 08/03/2025
Cher Léo, dès tes premiers mots, j'ai envie de voguer sur cette magnifique image : «un joli damier de couleurs » et sur la métaphore que tu files en filigrane celle du jeu d'échecs. C'est une magnifique idée qui me fait fourmiller au bout des doigts des milliers de nouvelles images, comme si ton commentaire avait ouvert une nouvelle porte en moi, et « avec les bottes de sept lieues. » Je franchis déjà un monde dans lequel les relations se jouent sur un damier, les amours sur des couleurs, blanc ou noir, le luxe dans le bois de l'échiquier et le parfum des joueurs. Sept lieux d'avance c'est aussi la puissance du joueur d'échecs. Je pense en particulier à celui de Stéphane Zweig, sur son paquebot, cette merveilleuse nouvelle dont l'intelligence brille à chaque ligne comme une fusée d'artifice. Ce « damier de couleurs » me plonge dans des relations humaines très dangereuses ( les très celebres "liaisons dangereuses") , issu du calcul, de la victoire ou de l'échec, de la puissance, de la suave perversion et de l'humble soumission. Sans ouvrir les boîtes de mon passé, je peux te confesser que je fais l'expérience de cette relation humaine sur le fil du rasoir. Le monde contient des êtres profondément intelligents et inexorablement cruels. On les voit quelquefois apparaître dans des affaires sordides, mais rarement, car les bons joueurs partent tous avec un enterrement de première classe. C'est alors que la poésie devient l'outil de l'expression de l'inexprimable, qu'il soit au-delà de la beauté ou au-delà de la laideur. La poésie est une ombre que l'on peut toucher, une rivière qui traverse la nuit, un pont suspendu au-dessus des rêves, et ce « joli damier de couleurs », la poésie comme la prière nous rapproche de Dieu et nous guérit du Diable; merci beaucoup encore une fois, Léo, de tant de magnifique visions à travers mes textes. Cordialement et a tout de suite. En déchirant les mots comme des confettis L'ogre enferme le temps dans de brefs libretti.
Publié le 09/03/2025
Bonsoir Francis Etienne, c’est bien le jeu d’échec que j’avais en tête et c’est une autre de tes images qui m’a inspiré dans cette vision, celle de l’arlequin. Et j’apprécie de nouveau grandement ce que ces nouvelles visions ont pu déclenché à nouveau, c’est fantastique et bienheureux.
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