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Une mèche de soie évanescente et blonde
Flotte dans le courant d’un ruisseau de lueurs
Que des cierges en sucre aux dons expiateurs
Lèchent de leur velours à la trame féconde.
 
Sous l’or d’un baldaquin au cœur d’une rotonde
Des nuages de voix comme des chapardeurs
Volent des grains de pluie aux souffles enchanteurs
Qui invitent la nuit à rejoindre leur ronde.
 
Des ombres de satin sur un jeu de marelle
Froissent de leurs pas lents le fruit mur d’une airelle
Et tachent de son sang le vélin d’un soupir.
 
Il faut alors puiser des perles par brassée
Dans un ciel paresseux et prêt à s’assoupir
Sur le bord d’un lys blanc à la peau damassée.

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014
 


Publié le 10/12/2024 / 13 lectures
Commentaires
Publié le 10/12/2024
Dans ce poème au rythme fluide le lecteur ressent ce que fait le poète : capturer un moment fugace, un vif mouvement, et le figer entre ses vers. Cela est visible avec la description et les verbes d'action. Le titre est pertinent puisqu'on saisit bien les éléments de la parure ("sang", "vélin", "lys blanc", "peau damassée", "ombres de satin"...), mais pas exactement à qui elle appartient car son identification est brouillée avec les éléments naturels. Je pense que l'on peut facilement penser à une femme parce que la poésie a beaucoup décrit son corps (plus que son cœur est c'est bien dommage), mais peut-être avons nous là une parure masculine, ce qui aurait de quoi être original. Je vous remercie pour ce texte en tout cas, il est élégant et inspirant !
Publié le 10/12/2024
Merci Lucie pour ce commentaire très pertinent et exhaustif autour de ce texte que vous avez lu en profondeur et dont vous avez retenu des éléments particulièrement marquants. Vous l'avez certainement remarqué dans d'autres poèmes je suis passionné par Venise et surtout par son masque, car Venise est avant tout un jeu de masques et il est vrai que l'on retrouve dans la cité du doge le luxe et l'élégance, l'apparence et l'être, la nuit et ses frontières l'aube et le crépuscule, la richesse exubérante mais aussi la puissance. Tout ce qui tourne autour de la femme est essentiel à Venise. Je n'en veux pour preuve que les mémoires de Casanova, mémoires qu'il a mis en scène lui-même sous le nom de : « Histoire de ma vie. » Et si l'on parcourt le texte de Casanova, on s'aperçoit qu'il est l'expression même de Venise, et d'ailleurs, il y fait souvent référence. La question de savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme est pertinente. Je ne la trancherai pas, puisqu'elle se pose sous le masque des mots. Merci encore pour cette grande fidélité à lire mes textes et votre précision dans les commentaires que vous laissez. Cordialement. Francis Étienne
Publié le 14/12/2024
Venise est effectivement fascinante, et que dire de son carnaval ! J'ai eu la chance de m'y rendre et je vous conseille d'y aller si ce n'est pas déjà fait, et malgré le monde qu'il y a (c'est difficile d'avancer sauf en prenant les petites rues au risque de se perdre car c'est un vrai labyrinthe). Le jeu avec le masque permet d'installer une subtilité dans le comportement de la personne entre ce qu'elle montre et ce qu'elle cache. C'est inspirant. J'ai, moi aussi, écrit sur des masques (un texte que je n'ai pas encore publié) en particulier : ceux qui servent à l'hypocrisie. N'en pouvant plus de la subir au quotidien j'ai décidé de faire ma révolution, et de venir bousculer un peu ce bal masqué social que j'observe en étant à l'écart. Le masque dont on se sert pour cacher notre sensibilité par peur du regard des autres est également inspirant. C'est intéressant de voir le sens que prennent les masques selon la sensibilité de chacun.
Publié le 12/12/2024
C’est superbe, et je trouve une nouvelle fois le commentaire de Lucie très intéressant et inspirant. Ce que je trouve chouette avec la poésie c’est qu’elle part de chacun et que chacun y puise dans ses sensibilités et perceptions qui lui sont propres. Dans ce que je perçois il y a de l’éphémère avec l’évanescence et le cierge ou le ruisseau ; l’espièglerie enfantine avec les chapardeurs, la ronde et la marelle ; et le précieux avec le vélin, les perles et le lys blanc… la fragilité et le temps qui passe semblent avoir raison de tout. Merci Francis Etienne pour ton très beau poème et Lucie d’élargir le champs de mes perceptions.
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