Une lumière d’ange au cœur d’un champ de blé

Pousse au bout de son souffle un soupir en extase

Devant le sang d’un ciel dont la plus longue phrase

Touche le firmament déjà presqu’ensablé.

 

Un fanon de satin que le vent a comblé

D’un baiser clandestin cueilli dans l’eau d’un vase

Soudainement blessé par un oiseau qui jase

Claque comme un coquin que le vin a troublé.

 

Des coquelicots d’or sèment à chaque graine

Des rêves étouffés par des bruits de gangrène

Dont l’écho ramollit les esprits et les cœurs.

 

Puis le sage s’enfuit par un chemin de terre

Où croissent les buissons de toutes nos rancœurs

Déchirant notre chair d’une rumeur de guerre.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2014

 

 


Publié le 14/09/2025 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 15/09/2025
Une entrée lumineuse et mystique, puis un glissement vers la blessure jusqu'une chute sombre et collective alimentant ce que les hommes font tristement, la guerre. Tu as ce talent de parvenir à faire faner jusque la lumière, de ne jamais durablement maintenir les illusions inutiles. Ce faisant, de sublimer la beauté éphémère que l’on aurait souhaité éternelle. Grand bravo Francis-Etienne.
Publié le 22/09/2025
Merci Léo, ton commentaire me touche non seulement par sa finesse mais aussi par sa force. Tu sais si bien aller plus profondément dans le texte. Quelle belle expression que celle "d'aller jusqu'à faire faner la lumière" ! Comme une bougie que l'on recouvrirait d'une cloche de verre, notre courage s'éteint face à la puissance de la guerre et de ses ongles de fer. Les peuples dont nous sommes le corps semblent se dessécher tels des brins d'herbe sous la chaleur, devant les armes et les casques de guerre. Ils en cultivent même le prestige en décorant les poitrines des vivants et des morts de précieuses médailles. Illusions du savoir, illusions de l'amour, illusion de la beauté, tout devient illusion devant les régiments de guerre et c'est ainsi que le poète, lui aussi illusionniste, devient nécessaire à l'humanité. Homère et la guerre de Troie, Victor Hugo et les misérables, César et la guerre des Gaules, tous ont élevé la guerre au rang de "vertu" (au sens latin du mot: puissance). Mais "mort où est ta victoire ?" Merci Léo pour m'encouager jour après jour à deployer quelques mots de plus derrière tes si riches commentaires. A tout de suite, cordialement, Francis-Etienne. En posant son regard sur un tas de chiffons Le soleil s'aquoquine avec de vieux bouffons.
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