L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

Cendre et braise de temps un fleuve sans couleur

Baigne d’or et d’encens les larmes d’une enfance

Bariolée aux mots sans aucune élégance

Qui recouvrent le corps d’un pétale de fleur.

 

Des cartes à jouer et des porte-malheur

Jonchent de leurs chiffons et de leur sueur rance

Le parquet des palais que des rats en errance

Tachent comme des trous qui bâillent de douleur.

 

Les bouquets où se fane une ombre de nuage

Repoussent à leur pied la lèvre d’un suage

Mourant sous le reflet d’un cierge qui s’éteint.

 

Il pousse sur les toits recouverts de farine

Des branches de silence aux reflets de l’étain

Puis la lune se glisse au cœur d’une vitrine.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 30/07/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 31/07/2024
Mot après mots et vers après vers, l’insidieuse dépression prend possession de tout. On ressent bien se propager une chape de tristesse et surtout la très grande difficulté de pouvoir la contrer. Une petite chanson lancinante jusqu’à ce que survienne le dernier souffle. Bravo pour cette nouvelle très belle réalisation mon cher Francis Etienne.
Publié le 31/07/2024
Cher très cher Léo merci encore pour ce magnifique commentaire et ton compliment. La tristesse, ce que tu appelles" une insidieuse dépression" est aussi un élément de la poésie, parce qu'elle est l'expression de la fluidité du temps. Personne n'est triste dans l'instant présent, mais c'est par la perte d'un passé ou par la crainte d'un avenir que la tristesse nous fait rentrer dans son royaume. Le romantisme du dix-neuvième siècle de Lamartine à Chopin en a fait sa matière de création en en exagérant le poids. C'est précisément dans la complaisance dans la tristesse que nous construisons une blessure suffisamment superficielle pour qu'elle soit délectable, mais si la tristesse bascule dans le désespoir, noud ne sommes plus dans le même registre. C'est pour cela que la tristesse est très intéressante en poésie. Elle permet l'exploration d'un sentiment commun de faiblesse qu'il est facile de partager dans la compassion de l'autre. Je suis parvenu à exprimer de la tristesse, voire du désespoir, sans « pathos » car il n'y a rien de plus laid que la mièvrerie. Merci encore une fois Léo pour m'avoir donné l'occasion de répondre à ton commentaire avec autant d'intimité. Cordialement F. Étienne. Un bijou serti d'or scintille dans la nuit Comme une main s'endort sur le sein de l'ennui.
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