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Il coule au bout des mots un repli de soutane

Que le vent de la mer cueille dans son filet

Et qu’un voile en papier cache sous son volet

Comme un coffre en cristal le trésor d’un arcane.

 

D’étrange ragondins au cœur d’une chicane

Se disputent le droit sur un ton aigrelet

De se dresser tout droit devant un chevalet

Comme un homme endurci que la tristesse fane.

 

Puis dans l’aube qui fuit sur un brûlant tison

Le château de basalte et son noble blason

Comme un copeau de sang jaillissent d'une flamme

 

Or on vit dans le ciel ressortir d’un chaudron

Un drapeau de satin tout taché de goudron

 Prendre l’habit soyeux d’un précieux oriflamme.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist ©2023


Publié le 09/05/2024 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 10/05/2024
Se relever et s’en remettre à une puissance supérieure, du chaudron à l’oriflamme et précédemment le blason : la magie opère et livre une nation poétique dont les sujets n’ont pas fini de débattre. Qui de la création ou du créateur règne ? Difficile à dire, probablement parce que l’un n’est rien sans l’autre. Merci Francis Etienne pour tes poèmes qui ne manquent jamais de m’interpeller et de me questionner.
Publié le 12/05/2024
Cher Léo, encore une fois merci pour cette profonde remarque. Tous les éléments dont le poète habille son imagination sont pris dans l'imaginaire et la matière première de la poésie, c'est le cœur du poète. Celui qui écrit a besoin d'un bric-à-brac de mots, comment on peut en trouver dans les coulisses des théâtres et des opéras, où s'entassent toutes sortes d'accessoires, dont le mariage fortuit fait jaillir une musique divine du sifflement d'un accessoiriste, qui y cherche ce que les Anglais appellent : serendipity et que nous traduisons avec balourdise, en français, par sérendipité, ce que peu de gens comprennent véritablement. Pour répondre à la question que tu poses, je dirais simplement que le créateur est un chercheur de hasard, que la création va anéantir, ni l'une ni l'autre ne pourrait régner, sans accepter de partager son indivisible pouvoir. Et cela se rapproche de la conception chrétienne de la Trinité, si difficile à concevoir, dont seules les représentations si diverses en approchent l'essence. Et c'est peut-être pour cela, que nous attribuons à quelques rares poètes, comme Homère, la qualité de « divin ». Les mots, très souvent, contiennent beaucoup plus de matière, que ce que leurs mélodies, leurs images, ou leurs parfums nous ne nous en laissent voir. Or, le travail du créateur, est bien d'en révéler la richesse, la magie, et l'insondable mystère, cette Trinité de la création. Merci encore Léo pour autant de profondeur. Cordialement, F Étienne. La poésie est l'art d'enrober le silence À la couleur des mots qui tremblent d'opulence.
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