Il avait déjà fait une tentative. J'avais été bouleversé par la nouvelle. J'avais eu l'initiative d'aller le voir à l'hôpital. Il avait refusé. J'avais, il avait... C'est un résumé de notre relation. L'image que j'avais de lui était celle d'un menteur, d'un voleur, d'un violent imprévisible. Malgré quelques brefs rapprochements, ses actions malveillantes nous éloignaient. Son besoin d'attention, son manque de considération répétitif, ses menaces élargissaient la faille entre nous. C'était devenu un constat familial, nous en avions tous peurs. Prison, thérapie...
Ma confiance s'est effritée au point de lui refuser une rencontre. Il voulait parler de son enfance, de ce qu'il avait bien pu vivre pour se retrouver ainsi. Non. On peut se parler par téléphone. Je ne veux pas que tu viennes chez nous. J'avais peur pour ma famille, j'avais peur de son imprévisibilité. Juste 15 minutes? Non, par téléphone. Il m'abima alors de bêtises, me fit des menaces. J'avais vu juste. Il ne fallait pas le contrarier. J'étais encore une fois tétanisé devant sa violence.
Le lendemain j'ai reçu un appel. Il avait mis sa plus belle chemise qu'il avait acheté à Cuba. Il a pris ses médicaments, trop. Sa blonde l'a retrouvé au matin. Un petit mot : "Tu diras à mon frère que je m'excuse."
Déjà sept ans qu'il est mort, il me revient à l'occasion ce que j'aimais de lui. Les bons souvenirs refont surface comme ces bourgeons d'un vert tendre que le printemps apporte. J'aime retrouver mon affection pour lui.
J'ai sa photo dans mon petit garage, j'ai hérité de son coffre d'outils. Il était mécanicien. J'arrive à me réparer.