Il avait déjà fait une tentative. J'avais été bouleversé par la nouvelle. J'avais eu l'initiative d'aller le voir à l'hôpital. Il avait refusé. J'avais, il avait... C'est un résumé de notre relation. L'image que j'avais de lui était celle d'un menteur, d'un voleur, d'un violent imprévisible. Malgré quelques brefs rapprochements, ses actions malveillantes nous éloignaient. Son besoin d'attention, son manque de considération répétitif, ses menaces élargissaient la faille entre nous. C'était devenu un constat familial, nous en avions tous peurs. Prison, thérapie...

Ma confiance s'est effritée au point de lui refuser une rencontre. Il voulait parler de son enfance, de ce qu'il avait bien pu vivre pour se retrouver ainsi. Non. On peut se parler par téléphone. Je ne veux pas que tu viennes chez nous. J'avais peur pour ma famille, j'avais peur de son imprévisibilité. Juste 15 minutes? Non, par téléphone. Il m'abima alors de bêtises, me fit des menaces. J'avais vu juste. Il ne fallait pas le contrarier. J'étais encore une fois tétanisé devant sa violence.

Le lendemain j'ai reçu un appel. Il avait mis sa plus belle chemise qu'il avait acheté à Cuba. Il a pris ses médicaments, trop. Sa blonde l'a retrouvé au matin. Un petit mot : "Tu diras à mon frère que je m'excuse."  

Déjà sept ans qu'il est mort, il me revient à l'occasion ce que j'aimais de lui. Les bons souvenirs refont surface comme ces bourgeons d'un vert tendre que le printemps apporte. J'aime retrouver mon affection pour lui.

J'ai sa photo dans mon petit garage, j'ai hérité de son coffre d'outils. Il était mécanicien. J'arrive à me réparer. 


Publié le 03/04/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 05/04/2025
A chaque fois j’apprécie la justesse des mots, leur dignité, leur retenue aussi, et puis il y a toujours une phrase qui emporte tout et "Il m'abima alors de bêtises » n’a pas dérogé à la règle. Au delà de l’écriture, je salue ton courage, celui de la mise à nue, de la mise à plat, de livrer de l’intime avec le risque de se faire écorcher par la critique sur les fils du sensible. Bravo pour tout cela Daniel et merci.
Publié le 19/04/2025
Comme précédemment, le sujet me touche et l'émotion est crédible. Votre point fort est la structure. On ne sait pas de qui il s'agit. On peut essayer de le deviner mais on n'est pas sûr. "Il voulait parler de son enfance" peut faire penser qu'il ne s'agit pas de celui qu'on imaginait, le frère. En effet, un frère aurait dit "Il voulait parler de NOTRE enfance." Ce détail qui met sur la mauvaise piste est-il voulu ? En revanche, je trouve que vous devriez plus soigner l'écriture. Ce n'est pas mal écrit mais ça pourrait être mieux. Par exemple "Il avait déjà fait une tentative. J'avais été bouleversé par la nouvelle. J'avais eu l'initiative d'aller le voir à l'hôpital. Il avait refusé." Soyez le plus léger possible. Après une première rédaction à l'instinct, nettoyez et nettoyez encore. Gommez le superflus. Mettez-vous à la place du lecteur. "Il avait déjà fait une tentative" (Magnifique ! grâce à un seul mot unique, on comprend. Ce n'est pas lourd). "J'avais été bouleversé" (on sait pourquoi. Inutile de l'écrire). Ensuite, c'est maladroit, inélégant, peu clair et lourd. "J'avais voulu le visiter. Il m'avait chassé." Cordialement,
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