Un jour j’ai retrouvé un mot. Mon papa s’était mis en tête de relater son histoire. Son récit m’a d’autant plus ému que de deux lignes à peine il était composé. C'est sans doute en se relisant qu'il se sera découragé. Il ne connaissait pas l'astuce, la mienne en tout cas, celle qui me permet de dépasser le cap de la première demi-page. Je vous la donne tout à trac. Ne vous relisez pas ! Tracez ! Tracez ! Attrapez vos idées de n’importe où qu’elles giclent et couchez-les tout de suite. Elles sont parfois liquides, parfois toutes raplaties ou encore elles s’envolent. Ne les laissez pas partir. Et tant pis si vous les esquintez en les rattrapant dans un coin, sous une vieille godasse, au font d'une boîte à chaussures remplie de photos, dans un rêve lors de la nuit agitée ou devant un feu rouge qui n'en finit pas. Saisissez-les, si possible à pleines mains, du mieux que vous pouvez, ne faites surtout pas le tri, ne vous arrêtez pas ! Ne décortiquez pas ! Malgré le bazar, collectionnez encore et encore. Pour le rangement, vous y reviendrez plus tard ! Tracez sans vous retourner. Et vous verrez que sans vous en rendre compte, l’histoire se sera écrite toute seule ou presque. Évidemment, sur le plan stylistique, ce sera un vrai carnage. Alors seulement, il sera temps de relire et de tailler le diamant brut sorti de vous, de vos entrailles que vous ne connaissiez pas, que par l’écriture seulement vous pourrez découvrir !
Publié le 19/02/2024
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