Froissé par le soleil qui tâche son manteau

Le lac brille d’un feu dont la profonde dague

Transperce l’onde noire et sa poudre de vague

Comme un éclat d’enclume aux bouches d’un marteau.   

 

Des saules écorchés par des coups de couteau

Brandissent des éclairs dont le venin zigzague

Sous le vent étourdi par l’orgueil d’une bague

Rayonnnant jusqu’au soir sur le pan d’un côteau.

 

Une église oubliée au cœur de la lavande

Sonne un temps immortel dont la joyeuse offrande

Dore les clochetons d’une pâte de coing.

 

Un pécheur sur sa barque épuise sa mémoire

Et vide son filet en desserrant un poing

Qui bientôt changera le ciel en un grimoire.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist 

Griffes d'orties@2014

 

 

 

 

 

 

 

 


Publié le 19/08/2025 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 22/08/2025
Il y a dans ton poème à la fois toute la violence du monde et la mémoire défaillante qui semble vouloir l’oublier. ça tranche, ça transperce, ça cogne, ça froisse, ça écorche, ça empoisonne… mais quel est donc ce « ça » qui semble régner en tyran en ces terres poétiques ? Les tercets (qui manient l’oubli) semblent vouloir conjurer les quatrains (qui y logent la violence), c’est vraiment chouette de constater que la forme structure de bien belle manière le fond. Chapeau Francis-Etienne.
Publié le 22/08/2025
Encore une de tes magnifiques analyses du texte dont tu extraies tant de pépites ! Merci Léo ; Mais tu pointes surtout l’importance de la forme dans l’expression du fond. Il est essentiel, dans un sonnet, de présenter le texte sans aucun blanc. La concision de l’écriture ne peut pas laisser le fond se diluer. C’est la force de tout texte riche et surtout d’un bon sonnet. Je l’ai souvent exprimé avec insistance, la poésie n’est pas l’art d’une rêverie de mots, dont la faiblesse peut aller jusqu’à la mièvrerie, mais bien le travail qui se construit par les mots et au travers les mots pour en extraire le plus vif et bel éclat et transformer notre vision du monde à travers l’enchantement de ce travail de construction précis. La beauté des cathédrales tient essentiellement dans leur complexe architecture, maitrisée par la connaissance des règles strictes de l’architecture, et bien moins dans la richesse des enluminures de pierre, celle précisément sur laquelle se fixent nos regards en tout premier. Il est essentiel, en poésie aussi, d’avoir fait de ces règles-là l’élément de base de la création. Même si l’enluminure est fade, l’œuvre se soutien d’elle-même, grâce au respect de la règle. Merci, Léo, et à plus tard. En toute amitié. Francis-Etienne. Une rose qui meurt avec le crépuscule Inscrit l’éternité dans un bref opuscule.
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