Puisque les mots écrits sur des feuillets d’ardoise

Pèsent plus que le bruit qui froisse leurs bourgeons

Tout espoir de brûler les livres des donjons

Fond comme un flocon d’or que le vent apprivoise.

 

Parfois sur les chemins où rouille de l’armoise

Se glisse le regard d’un pauvre sauvageon

Dont les doigts pleins de sang tachent tous les pigeons

Voyageant de l’enfer vers des eaux bleu turquoise.

 

Sans jamais se ployer des branches de bois mort

Résistent à l’assaut des vagues dans le port

Où mouillent des voiliers en quête de silence.

 

Par instant toutefois les mots ont le pouvoir

De replier le temps dans un grand réservoir

Que des flammes de sel protègent de l’absence.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2014


Publié le 03/09/2025 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 04/09/2025
Les mots ont toujours été des enjeux majeurs dans l’expansion des civilisations mais aussi dans toutes les formes de totalitarisme. Femmes, hommes et livres menés au bûcher pour être des contenants de savoirs, de connaissances, de différences, et parfois subversif… et pourtant les supports se sont démultipliés pour faire perdurer toutes formes de réflexions. A l’image des vagues qui ne cesseront jamais d’être en mouvement, les mots et le langages resteront immuables tant qu’il restera des hommes et l’envie de survivre. Merci Francis-Etienne pour ce nouveau partage.
Publié le 28/09/2025
Merci Léo pour cete belle remarque et pour ton analyse si juste de la censure. J'ai toujours eu la sensation que la littérature était sous surveillance et que les écrivains qui la développent en ont eu conscience. Peut-être ont-ils perdu courage, parfois dans l'histoire, mais leur combat ne s'est jamais terminé. Et si la poésie est un art esthétique, il n'en est pas moins vrai que le poète aussi se sait potentiellement vulnérable face à l'écrasante pression des pouvoirs absolus. Merci encore et encore pour un dialogue aussi riche que celui dans lequel tu m'invites à chacune de mes pages mises en ligne. Cordialement, et à plus tard ton ami Francis-Etienne. Dans la bambouseraie où croissent des frissons Une mèche de vent rejoue aux polissons.
Publié le 06/09/2025
Les mots, et leurs auteurs trouvent toujours un nouveau support pour exister. C'est leur manière de résister à la censure. Ces livres brûlés me rappellent Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, où le totalitarisme les élimine dans un grand feu, condamnant la culture à ne suivre qu'une seule direction : celle du pouvoir. Ce qui entraîne une prise de conscience : écrire pour continuer de faire vivre le langage. Merci pour ce texte !
Publié le 28/09/2025
Merci à vous Lucie, d'avoir commenté avec tant de sensibilité et de justesse ce texte dont les mots sont eux-mêmes les héros de l'histoire; oui il faut continuer à "faire vivre le language" et les autodafés comme les prisons ne ferons pas reculer l'humanité, tant qu'il y aura des êtes comme vous. Merci de tout coeur. Cordialement, Franc-Etienne
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