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Les feuillets de la nuit s’envolent en silence

Au-dessus des ponts nus où rôde un épervier

Le regard aiguisé par le sang d’un gravier

Répandu sur les quais d’un canal de faïence.

 

L’eau trouble d’un bassin cache la lactescence

D’un temps croissant parfois dans ce large vivier

Où nagent le chagrin d’une lune en janvier

Et le divin parfum d’une fleur de garance.

 

La moire d’une écharpe échoue au bord d’un banc

Et tache le bois mort d’une touche de blanc

Comme si de la neige avait versé son âme.

 

C’est l’heure de l’ivrogne et du chien sans collier

Qui coule d’un nuage aux grains d’un sablier

Mais c’est aussi le cri d’une femme qui brame.

 

Francis Etienne SIcard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 20/08/2024 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 20/08/2024
Je découvre « lactescence » et m’émerveillerait toujours de tous ces mots qui savent tout représenter. Le langage est un prodige et je t’en remercie d’en assurer avec autant de générosité la promotion. Ton poème joue subtilement avec les oppositions avec une fin déstabilisante, comme si ce cri appelait au réveil de la conscience.
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