Laminoir à paroles

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La cendre d’un long soir saupoudre une verveine

D’un parfum de tilleul et d’une ombre d’étain

Qu’une averse en passant sur un grain de plantain

Lave d’un suc d’argent échappé de sa veine.

 

Une femme à genoux au cœur d’une neuvaine

Pensive et enlacée à un bout de satin

D’une vie antérieure égraine le butin

Par quelques mots glanés à sa tristesse vaine.

 

Un merveilleux mensonge épouse son regard

Qu’imprudente elle joint à son visage hagard

Loin du temps intouchable où commença son drame.

 

Déjà se noue au vent de ses doigts enchantés

La banquise des jours où sous le drap de l’âme

Elle cachait l’amour pour des plaisirs hantés.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist ©2023


Publié le 15/04/2024 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 18/04/2024
Ce n’est pas souvent que l’humain prend sa place dans ta poésie, lui préférant souvent les images fortes et évocatrices qui font pulser le cœur de ton imagination et par la même occasion celle du lecteur conquis. Cette femme intrigue et donne l’envie de se faire conter son histoire mystérieuse, si seulement le laminoir n’avait pas tu ce qu’il restait à raconter… merci pour ce nouveau profond poème.
Publié le 18/04/2024
Merci Léo pour un commentaire encore une fois très pertinent qui souligne si à propos ta lecture de ces quelques textes. Oui il est rare que je "peigne" un personnage humain ( il ya quelques plusieurs exceptions, toutefois). Ce qui m'interresse dans l'homme c'est sa face cachée, celle seule que les confesseurs aperçoivent en secret. Le déchirement du péché, le souvenir qui se calcifie dans le cœur l'espor du rêve solitaire, la démesure de la douleur silencieuse me fascinent. Nous aimerions tous tout savoir des êtres que nous aimons. Je t'ai dit récemment qu'un poète crève des bulles de savon, j'ajoute qu'il caresse aussi de sa peau les doigts du temps. On s'ennivre souvent de mots qui longuement résonnent mais on ne creuse pas le cœur pour y gouter leurs voix. Je ne sais si je te l'ai déjà dit, mais l'opéra me hante comme la nuit à Venise m'embobinant d'un fil de lumière et de rouge. Pour te remercier encore, je t'offre deux vers. Cordialement, F Etienne Une pâle lueur dessine sur le sable Un visage de soie au souffle d'un oracle.
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