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Des mois auparavant, sur une route sinueuse d’Auvergne, une Peugeot 307 cabriolet, neuve et rutilante, circule à vive allure.
Dans les virages les pneumatiques crissent, le moteur vrombit à chaque changement de vitesse. Le soleil darde ses rayons sur le pare-brise.
Le conducteur, jeune, les cheveux au vent, siffle insouciant. La limitation de vitesse lui importe peu. Muni de ses lunettes Ray-Ban, la montre Rolex à son poignée, vêtu d’un polo à la marque célèbre du crocodile, il montre ostensiblement son statut de privilégié.
Il se nomme Alexis Bellesègue. Il fait partie d’une famille aristocratique dont le nom signifie en occitan « belles eaux ». D’une longue lignée, cette famille, de noblesse avérée, habite depuis des siècles dans la capitale auvergnate Clermont-Ferrand au cœur du Puy-de-Dôme.
Alexis déteste son prénom qu’il trouve pour le moins ringard et préfère se faire appeler par son diminutif « Alex ».
C’est un jeune homme d’à peine vingt ans. Brun, les yeux vert émeraude, il a une prestance naturelle, entretenue par une éducation d’aristocrate. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, il promène une silhouette élancée que les jeunes filles convoitent avec jalousie.
Élevé dans un cocon, entre une mère poule et un père permissif, il considère que paraître est être.
Le culte des apparences et les bonnes manières sont les seules limites à sa conduite. Ses parents l’ont envoyé dans un collège prestigieux en Suisse où il a appris les bonnes convenances mais aussi une certaine débauche. Il passe son temps avec son portable, organisant des soirées alcoolisées. Son seul souci est de trouver une fille sur laquelle il a jeté son dévolu. Elles ne lui résistent jamais et la facilité avec laquelle il parvient à lever ses proies en fait un expert en la matière.
Sa scolarité décousue, tumultueuse et laborieuse n’a pas permis de le doter d’une culture digne de son rang. Toutefois, il possède une intelligence remarquable et une perspicacité redoutable, son charisme certain lui permet de dominer son petit monde.
Plutôt autodidacte, il a construit son savoir, seul à l’abri des regards. Bien que blasé, il aime profondément sa grand-mère qu’il tient en très haute estime. C’est la seule personne qu’il écoute et il tient compte souvent de ses reproches. Il est vrai que c’est le seul membre de sa famille qui lui montre une forte opposition et qui par ses reproches et ses colères lui montre des limites respectables.
Pour l’heure ce frimeur, membre de la jet-set locale, coule des jours heureux sans aucuns soucis. Il ne connaît pas la valeur des choses. L’amour, il ne connaît pas. La femme pour lui est un nom sur un carnet de rendez-vous qu’il tient à jour pour satisfaire ses plaisirs personnels.
Il se rend dans sa maison de campagne. Niché au pied des volcans, c’est un petit buron familial rénové pour la circonstance. C’est une ferme de pure tradition auvergnate datant de la fin du dix-neuvième siècle. Le lourd toit de lauzes recouvre une bâtisse solide aux murs épais toute de pierres bâtie. L’aménagement intérieur est d’une rare qualité, le décorateur a pris soin de conserver l’histoire des lieux, tout en assurant un confort moderne.
Ainsi l’entrée s’ouvre sur une vaste salle dont le plafond en chaux repeint est constitué de voûtes cintrées que des colonnes, en pierres de Volvic, soutiennent en harmonie.
Les murs aux pierres apparentes sont scellés par un ciment discret qui donne à l’ensemble une rusticité charmante.
Le salon, avec fauteuils et canapés confortables, offre aux convives un lieu de détente agréable. La décoration toute en nuance apporte une touche baroque à ce lieu si austère.
Tout l’aménagement donne une sensation de bien-être où l’on se sent un peu comme chez soi.
La salle de bains s’insère magnifiquement dans ce décor minéral. Le choix des sanitaires judicieux mêle habilement tradition et modernité.
Les chambres portent le nom d’une couleur. Leur plafond les identifie, vert pommelé, mauve, bleu lavande. Ces teintes surprenantes pour ces lieux sont de pastels choisis pour ne pas rompre le charme de l’ancien. Chacune d’entre elles a un ameublement assorti, discret ne perturbant pas l’harmonie de l’ensemble.
Les portes teintées chêne présentent des poignées dorées à la forme simple.
Un chauffage adapté apporte une chaleur douce que l’invité ressent en pénétrant dans ce merveilleux buron rénové.
Maison discrète au cœur des cheires, elle permet de passer des soirées animées où l’alcool coule à flot. Les convives de la même classe sociale passent leur temps ainsi, tuant leur ennui. La drogue circule entre les mains, leur laissant l’impression de profiter de leur existence.
Cette fois, Alex se rend à cette demeure pour dîner avec sa grand-mère qui passe ses week-ends dans ce chaleureux gîte. Il aime ces instants privilégiés qu’il partage avec celle qu’il adore le plus et qui le comprend.
Il surgit dans la cour à toute allure et freine brutalement. Le gravier vole de tous côtés. Sa grand-mère, Charlotte, l’attend, imperturbable, sur le perron.
Le port altier de sa tête, sa tenue soignée, ses déplacements harmonieux dénotent une autorité certaine. Son regard gris, sévère, dissimule ses sentiments. Une chevelure argentée, un visage peu ridé témoignent du soin que Charlotte apporte à sa personne. La beauté d’hier reste encore sur ce visage fin.
À sa vue, Alex baisse la tête, il comprend le reproche silencieux de sa grand-mère, il est arrivé encore trop vite. Il s’approche de Charlotte qui tend légèrement la joue.
Alex répond par un simple soupir.
Charlotte aime son petit-fils. Elle a détecté en lui une intelligence remarquable et une détermination étonnante. En secret, elle espère beaucoup en lui pour assurer la descendance de la famille...
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