Cela faisait quelques jours que Papy travaillait sur son projet, dans son atelier du sous-sol. Il était parti de son modèle habituel, une boule de matières premières et s'occupait des décors.
Il était tranquille Papy. Depuis que son fils avait repris son affaire de cabinet d'architecture, il profitait d'une bonne retraite, bien méritée et tranquille, après une longue carrière.
Comme d'autres de ses amis retraités, il continuait son ancienne activité, pour son plaisir.
Il prenait son temps le Papy. D'abord parce qu'il l'avait, le temps et aussi parce qu'il savait que sa création était promise à finir à coté des autres, sur une étagère du sous-sol car sa femme ne les supportait plus dans la maison.
Une cavalcade dans l'escalier grinçant l'avertit de l'arrivée imminente de ses deux petits-enfants. L'ainé, un garçon et sa sœur, la cadette, étaient vifs, intelligents et curieux. Ils étaient pour l'heure en vacances chez leurs grands-parents.
« Papy » commença le garçon « on s'ennuie un peu et on aimerait bien t'aider et travailler avec toi. »
Papy réfléchit un peu car il n'avait pas l'habitude de travailler avec d'autres.
« Pourquoi pas après tout ? J'ai bientôt fini les décors. Le temps que je les finisse, réfléchissez à ce que vous voudriez mettre dedans. Construisez un projet et présentez le moi à la fin de la semaine. »
Arrivé à la fin de la semaine, ayant fini sa création, Papy avait fini et se reposait dans son fauteuil.
Ce fut à ce moment que les deux ados arrivèrent. Le garçon avait l'air exaspéré et sa sœur semblait agacée.
« Papy, on n'arrive pas à se mettre d'accord. Faut que tu nous aides ! »
En soupirant, le Papy se redressa dans son fauteuil et les écouta :
« Très bien, allez-y mais chacun à votre tour, interdiction d'interrompre celui qui parle»
La fille commença :
« Dans mon projet, tout est basé sue l'intelligence collective. Tout est en harmonie. Pas de violence car pas de possessions. Tout est naturellement partagé de façon équitable.
La Nature est au centre de tout.
Les maisons sont intégrées au paysage, sous les collines ; pas de bâtiments qui dépassent du sol et si ville il y a, elles sont sous-marines.
Les cultures sont en partie terrestres et en partie sous-marines. Personne ne manque de rien, les ressources sont collectives.
C'est un cercle vertueux où en respectant la Nature, ils se respectent eux-même et vivent en paix. Il n'y a ni bien ni mal, il n'y a qu'amour et harmonie. »
Le garçon prit la parole à son tour :
« Mon projet à moi est basé sur l'apprentissage. Je ne crois pas au truc fleur bleue de ma sœur.
Pour moi, l'expérience fait le chemin.
Je donne la liberté de faire des choix, le droit à l'autodétermination et du coup, le droit à l'erreur. Au final, il faut simplement penser et assumer ses choix.
Tout est possible : la paix, l'amour et l'harmonie ou les conflits et le chaos. Jouer collectif ou individuel. Partager ou être égoïste.
Simplement, en apprenant de ses erreurs on s'améliore. Ou on disparaît.
Dans mon projet, le bien et le mal existent car comme le répète Papa, le Bien se nourrit du mal comme la lumière se nourrit de l'ombre ».
« Alors, tu préfères quoi ? » dit la sœur.
Papy se cala dans son fauteuil et réfléchit.
Les deux projets étaient interessants. Les deux avaient une approche humaniste mais l'un était plus séduisant que l'autre.
La voix de Mamie se fit entendre depuis la cuisine.
« Les enfants, le goûter est prêt ! »
Ils ne bougèrent pas, attendant la réponse de Papy.
La porte de l'atelier s'ouvrit, libérant au passage une douce odeur de gâteau au chocolat...
« Jésus, Gaïa, laissez Papy Dieu tranquille et venez goûter ! »
Les deux compères, par l'odeur alléchés, oublièrent instantanément leur projet, Papy et détalèrent vers la cuisine.
Dans un profond soupir, Papy Dieu prit sa décision et partit lui aussi vers la cuisine.
Quel projet croyez-vous qu'il ait choisi ?
Léo
Artxa
