L’enfant
Assise sur un bac, au cœur d’un parc d’enfants,
Hantée par mon passé, par ces gens oubliée,
Mes désirs d’avant et ma vie de maintenant,
Et mes larmes versées au fil des années…
Soudain, un ballon me heurte, et vient une enfant :
Boucles blondes, yeux bleus, toute menue et frêle,
Elle vient s’excuser de ce mince incident,
Gênée que je la vois. Elle est pourtant si belle !
Ressentant ma tristesse, elle s’assoit tout près,
Me regarde et me dit : « Et moi ? Tu t’en rappelles ? »
Je réalise alors que la fillette dit vrai :
C’est bien moi au même âge, invisible comme elle…
Elle me tend une feuille de papier, un stylo,
Me fixant sévèrement : « Ecrivain tu rêvais d’être,
Ecrivain tu es, mais tu en attends trop…
Il faut travailler dur afin qu’un jour peut-être…
Le soleil je m’en fous car mon cœur est hiver…
A quoi sert-il d’écrire en laissant lettre morte
Quand le monde s’enfiche ? Et j’essuie en revers
De manche l’anonyme et la non existence,
Enviant ceux qui brillent, éclairés par la gloire…
Que peut-être eux n’ont pas…exister dans l’histoire
Est un rêve utopique et la vie au présent
Est seule réalité à laquelle on demande
De se raccrocher…Ton passé trop vivant
Laisse-le maintenant. Le karma réprimande
Ceux qui ont perdu foi. L’avenir ? Tu verras…
Mais n’oublie pas ton rêve si cher dans mon cœur :
Devenir écrivain…Ne m’abandonne pas !
Un jour, je te promets, tu vivras ce bonheur !