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L'édifice de la démocratie en marche

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                                    L'édifice de la démocratie en marche.



          C’est un peu comme ça qu’on m’a présenté le système politique de mon pays lorsque j’étais petit, trop petit pour pouvoir discuter. Plus tard, on m’a rappelé la grande chance que j’avais de vivre dans une société libre, égalitaire où — je me souviens de l’expression — la vie d’un homme n’avait pas de prix. « Chouette ! » j’ai du me dire. Aujourd’hui, devant l’hymne à la joie qui tourne en boucle, les journalistes se gargarisent avec une Europe humaniste ! Le président Macron nous rappelait encore hier les avancées qu’elle avait permis, qu’il s’agisse de la relance économique, amorcée dans les années 70 si ma mémoire est bonne, de la protection commune de nos frontières, où Frontex, à l’instar des murs de Berlin ou de la frontière mexicaine tant décriés par ceux qui ont la parole, transforme notre continent éperdument tolérant en forteresse, du soutien à nos agriculteurs qui — faut-il qu’ils soient ignares — se suicident par brouettes entières et du soutien à l’Ukraine, pays ruiné, corrompu, nationaliste, fasciste ayant toutefois l’unique, mais suffisante qualité de s’opposer à sa voisine, la Russie honnie depuis qu’elle refusa de payer les dettes contractées par son tsar Nikolaï Alexandrovitch Romanov, en 1917. L’Europe a parfois une excellente mémoire.

          Comment nos politiques aussi prévenantes, tolérantes, dignes, humaines, libertaires, démocratiques ont-elles pu aboutir au plébiscite de l’extrême droite ce neuf juin 2024 ?

          J’étais au supermarché, il y a quelques jours. Un petit garçon et sa sœur se faisaient rabrouer par leurs parents. « Inutile d’insister, pas de bonbons ! C’est mauvais pour les dents et aussi pour la santé. Vous devriez le savoir ! » Là-dessus, je poursuis mes courses et quelques minutes plus tard, devant le rayon des confiseries en vrac, qu’est-ce que je vois ? La même famille en train de se goinfrer de pâtes de fruits et de caramels, avec en sus pour les parents, la petite tasse de café en dégustation.

       Nos leaders politiques nous chantent une jolie chanson pleine de bienveillance, reprise en chœur par l'ensemble des acteurs de la vie civile. Mais nous, les enfants, nous voyons bien que ce qu’ils disent, c’est pour du faux, c’est pour du rire, c’est juste pour avoir l’air. Nous, les enfants, nous faisons comme ils font, pas comme ils disent. Les chômeurs, les étrangers, les défavorisés, on les nique ! Les étudiants, les malades, les retraités, on les nique ! Les usagers des services publics et les fonctionnaires, on les nique !!! C'est facile, on a le droit une fois tous les cinq ans. C'était hier !


Publié le 10/06/2024 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 12/06/2024
Les injustices, les incertitudes et la peur amènent au sentiments de colère et de vengeance, oubliant que cela ne donne jamais de bonnes choses. C’est profondément triste…
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