Journal d’un passeur d’âmes

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Des fragments de miroirs pris dans un ciel d’été

Réfléchissent sans fin l’image de la terre

Où des hommes lassés par le poids de leur pierre

Ferment leurs yeux usés à toute éternité.

 

Quelques anges trahis ravaudent leur beauté

Comme des fleurs de mai dont la grâce de verre

Semble mesurer l’or à l’aulne d’une équerre

Que le temps a pliée à son immensité.

 

Des charrettes de foin dont les bêtes de somme

Dévorent le sel noir d’une feuille de gomme

S’enfoncent dans la nuit suspendue au cocher.

 

Des rames de silence outrageant la famine

Brûlent au moindre vent que ronge la vermine

Puisque des rats d’égouts montent jusqu’au clocher.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014

 


Publié le 03/04/2025 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 05/04/2025
Lorsque l’Homme renonce c’est l’apocalypse qui prend l’avantage. Cette dualité du bien et du mal est une lutte sans partage et sans merci. J’ai énormément aimé découvrir l’usage du mot ravauder qui m’était sorti de la tête et qui y retourne de bien belle manière. Je me suis étonné de l’usage de la majuscule pour Mai, y a t’il une raison particulière ou est-ce un effet de style ? A plus tard très cher Francis Etienne.
Publié le 05/04/2025
Encore une fois merci pour un commentaire qui caresses ma fierté , et anéantit mon orgueil. Tu parles très à propos d'une "lutte entre le bien et le mal". C'est précisément la définition de l'humanité. Lorsque tu parles de "partage, je ne peux m'empêcher de penser à notre partage à travers ces commentaires. Non que l'un soit le bien, et l'autre le mal, mais plutôt un échange entre nous À travers la poésie qui nous rassemble autour d'un même foyer: la beauté. Je suis absolument charmé que le mot ravauder soit revenu sous tes lèvres et fasse désormais partie du petit trésor des mots. Nous avons tous une cassette à trésors dans laquelle nous cachons ce qui nous est précieux et qui en somme nous fait vivre. Pour répondre à ta question, le mot mai ne demande pas de majuscule et je vais corriger tout de suite cette faute. Si je devais te donner une raison je dirais que je pensais peut-être à Marcel le Proust et ses fameuses aubépines, peut être aussi au mois de Marie. Quel étrange poète suis-je, pour qui un mot peut plonger son regard Au-delà du bien et du mal. Merci Léo pour cette magnifique occasion d'échanger tant de choses. Je te dis à plus tard. Cordialement Francis Étienne. Le froufrou d'un murmure efface Le chagrin D'un ange de cristal cis sur un boulingrin.
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