J'essaie d'être courageuse.
J'essaie d'expliquer à Vadim que ce n'est pas si tragique.
Il n'est plus un bébé. Il comprend la situation.
Il m'a dit « Je suis content que tu sois ma maman, merci pour la vie »
lorsque nous courrions nous abriter la première fois dans le bunker.
Vadim et moi allons au magasin.
Bordel ! Qu'est-ce que j'ai besoin d'un café !
Mais c'est impossible.
Mes forces m'abandonnent.
Nous sortons du bunker pour acheter des médicaments pour Vadim.
Dans le bunker il fait très froid.
Vadim s'est refroidi.
C'est la queue devant la pharmacie.
On aurait du venir plus tôt.
Maintenant la queue est encore plus longue.
Des gens nous dépassent. Ils disent qu'ils doivent poser une question mais ils achètent.
Encore quelques jours et les gens se massacreront.
La nourriture manque. Mais pour aujourd'hui, ça ira.
Je n'ai pas beaucoup d'argent.
Je vais essayer d'acheter des médicaments pour ma grand-mère et pour Vadim.
J'ai peur que Vadim attrape une pneumonie.
Je suis terrifiée.
J'ai deux options
Partir à l'étranger ou
me munir d'une mitraillette.
Les deux sont ok.
Je peux avoir une mitraillette dans deux jours.
Ma peur est le pire sentiment que j'ai ressenti dans ma vie.
Je ne sais pas quoi faire.
J'ai peur pour Vadim.
Pas sûr qu'au terme de la queue, j'ai quelque chose.
C'est bien possible qu'il n'y ait plus rien dans cette pharmacie.
Il n'y a plus de bandages.
J'essaie d'être courageuse.
Mais mon âme pleure de ne pas comprendre
A qui avons-nous fait du mal ?
Nous sommes pacifiques.
J'essaie d'être courageuse.
Nous élevons nos enfants.
Nous ne blessons personne.
Mais notre peuple meurt.
Les familles ouvrent le feu.
Pourquoi ?
Qui nous répondra ?
Je prends le dernier médicament.
Les gens sont stupides.
Pourquoi acheter dix miches de pain ?
Correspondante dans le Donbass les 27 et 28 février 2022