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Sac au dos, j’ai quitté le village ce matin. J’ai dû marcher longtemps sur ce sentier de montagne qui n’en finit pas, car le jour est en train de décroître. Comme le temps. passe vite quand on a la tête vide ! Je me dis que je ne pourrai pas arriver avant le coucher du jour. Le chemin n’est pas éclairé et je ne dispose pas du matériel pour. dormir sur place. J’enjambe le talus et me laisse dévaler vers la petite route située cent mètres en contrebas, à peine plus large qu’un chemin de montagne, mais goudronnée. Son revêtement qui, je le sais, a été refait dix ans plus tôt, est comme neuf, tant la circulation y est rare. N’étant pas d’un naturel anxieux, je ne doute pas que je trouverai un véhicule qui me déposera à bon port, avant la nuit.

 

Je suis assis sur le bord de la route. La nuit est tombée. Aucun véhicule n’est passé, depuis plus de deux heures. Je commence à regretter de n’avoir pas pris mon téléphone portable, de n’avoir pas continué à avancer à pied pour trouver une route plus fréquentée, plutôt que d’attendre. Le froid s’est levé sur la Nature, dissuadant ses habitants de se manifester. La lune éclaire le revêtement de la route. Tout le reste est plongé dans l’obscurité. Je m’engourdis, commence à m’endormir. Puis, comme dans un rêve, j’entends une sorte de ronronnement, d’abord ténu, puis qui va s’amplifiant. Je lève la tête, vois deux phares jaunes qui fendent la nuit. Je me lève, trébuche, me précipite en désordre sur la route, bats des bras pour marquer ma présence. Je ne crie pas, pour ne pas passer pour un fou aux yeux d’un conducteur peut être craintif. Le véhicule est maintenant à quelques dizaine de mètres, il m’éclaire de tous ses feux, ne peut pas ne pas me voir et, effectivement, il ralentit. Plus que trente mètres, vingt. mètres, dix mètres. Il va s’arrêter. Et, tout d’un coup, il accélère droit sur moi. Je sens la chaleur de son capot,  saute en arrière, de toute mes forces, vers le bas côté.

 

Je suis couché sur le sol, en biais, dans le noir. Je tente de me relever. Mes mains touchent une étoffe, un sol lisse. Je réalise : je suis tombé de mon lit ;encore un mauvais rêve. Il suffit de relâcher un tant soit peu la surveillance, pour que le subconscient n’en fasse qu’à sa tête ! Je suis fatigué, j’ai soif. Je me dirige vers le réfrigérateur, en sors la. bouteille de lait, que je bois au goulot. Je m’approche de la fenêtre, vois au loin la Tour Eiffel, toujours éclairée, qui me rassure.

 

Apaisé, je retourne dans ma chambre. La lune, encore elle, éclaire la pièce à sa manière. Le lit est dans un désordre indescriptible. Je m’approche pour remettre de l’ordre avant de me recoucher. C’est alors que je vois les traces de pneus sur mes draps.

 


Marcel nous a quitté le 29 avril 2020 et c’est avec l’accord de son épouse et avec le souvenir de tous ses amis que nous sommes très heureux et émus de continuer à faire connaître ses textes et son talent que vous retrouverez sur ce compte. N’hésitez pas à vous y abonner, à partager ses textes, et à laisser des commentaires pour faire perdurer ses textes et son souvenir.


Publié le 01/12/2024 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 01/12/2024
J’y ai cru au départ avec une suspension d'incrédulité à « je ne suis pas d’un naturel anxieux ». « Je me laisse dévaler »: j’ai cru que le narrateur roulait littéralement sur l’herbe pour arriver en contrebas ce qui doit être fait exprès vu le titre. L’auteur cultive beaucoup ce style déceptif on dirait: je suis frustrée d’une promenade en forêt qui partait bien (même sans anti venin)…
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