Après avoir trop traîné, Rachael, Peggy, la coupe mulet violette, Yazid et moi, on a fini par tous se faire engueuler. On abusait qu’il disait Phil de derrière le comptoir en astiquant son zinc. Ça faisait une plombe que la demi-heure était passée et il serait temps qu’on se barre.
« Boh ? J’suis pas d’accord et j’ai pas peur de te l’le dire, pour la forme, pour le principe, pour l’honneur, l’honneur des types gris qui parlent trop et trop fort. j’lui ai dit, mon doigt tournoyant le plus haut possible au-dessus de ma tête. Tu réponds pas, hein, Phil ! Tu te tais dans ton coin en essuyant un verre parce que tu sais que c’est pas la peine de discuter avec les gars qui font les fermetures. Tu sais qu’on parle pas la même langue, toi et moi. Ouais, mes copines et moi, on a une logique différente, différente ! Parfaitement, Monsieur ! Attention ! Mon index est à son paroxysme. Je fais pas l’apologie de l’alcool, ça non ! Parce qu’il y en a qui ont l’alcool colérique ou méchant, l’alcool mauvais. Ceux-là, il faut pas qu’ils ont bu. Mais pour celles qui ont l’alcool rigolo, comme moi. Rigolo comme moi. Pfiouh ! Rigolo d’abord et puis amoureux juste après, je vois pas où est le problème. Et mes amies et moi, on n’a pas l’alcool mauvais, ça, j’le jure. On est sur la même longueur d’onde tous les cinq. Je sais pas comment j’le sais, mais j’le sais et je sais aussi qu’on est des gentils. Et c’est pour ça qu’on va pas t’emmerder plus longtemps, Phil. »