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En creusant dans la terre une flaque de nuit
Leurs mains ont touché l’or d’un rêve d’existence
Que la glace a fondu comme un mur de silence
Dans un ruisseau de sel où lentement tout fuit.
 
Les cristaux de la lune et leur pâte de fruit
Habillent leur regard d’une écharpe d’enfance
Drapée autour de mots éteints sans résistance
Dans leur gorge de serf tranchée au moindre bruit.
 
Ils glissent sous la peau des images de l’ombre
Dont les rides de sang coulent dans la pénombre
Sous l’œil blafard et crû d’un lointain mirador.
 
Et quand leur bouche boit une dernière larme
C’est le velours du sol qui déchire le charme
D’un long soupir de paix lâché comme un trésor.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Soierie de marbre @2014
 


Publié le 21/11/2024 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 22/11/2024
Il y a une terrible dualité dans ton poème, celle de l'innocence et du souvenir que l'on souhaiterait naïvement éternelle. Et d'un autre un monde sordide qui tranche les gorges, coulent dans la pénombre en rides de sang et autre funeste mirador. On espère que le soupir de paix aura terrassé sans condition toute la noirceur qui se profilait.
Publié le 22/11/2024
Merci Léo, encore une fois, pour ce magnifique commentaire. ces poèmes traversent en ce moment des heures sombres, dans lesquels la lumière et l'espoir sont des confettis d'illusions. Nos vies transportent avec elles des bribes de mémoire comme des havres de bonheur dans lequel elles se reposent de la lourdeur du temps que nos doigts égrènent comme des chapelets suppliant la miséricorde. Pour comprendre comme toi mon écriture, il faut se souvenir que je puise dans la piété, beaucoup de détails, beaucoup de mots, beaucoup d'éclairage et beaucoup d'images. Je suis pétri de prières en latin, de textes bibliques en grec, et désormais de quelques mots en hébreu. L'ensemble de ces mondes me fournit une richesse dans le vocabulaire mais aussi dans la pensée. Et lorsque je juxtapose la pénombre, le sang, le mirador, les flaques de souvenirs, j'évoque la hantise d'une mort sans espoir, comme l'ont pu connaître peut-être, les prisonniers dans les camps de concentration. Cet univers me hante parfois, comme si la réminiscence aveugle de longue prière avait traversé le temps jusqu'à moi. C'est parfois terrible, parfois aussi intouchable, un peu comme si leur prière résonnaient jusqu'à moi à travers les mots. C'est une impression de souffrance et d'espérance. C'est un peu difficile d'expliquer ce sentiment. En tout cas merci beaucoup encore pour ce magnifique commentaire et pour l'occasion que tu me donnes d'entrouvrir mon cœur. À plus tard Léo. Cordialement, Francis Étienne. Des champs de chanvre en feu foulent à l'infini le regard apaisé d'un homme au cœur terni.
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