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Enrichissant son cœur d’un verre de chagrin

L’homme s’en va tremblant s’asseoir dans une rue

Où l’odeur de la nuit a le goût de morue

Comme la pluie aussi la couleur du purin.

 

Près d’une croix de fer passe un chien pérégrin

Le regard martelé par la joie disparue

D’une aube surgissant au sommet d’une grue

Que le vent du printemps tire de son écrin.

 

Les derniers pas de femme et leur rire d’ivresse

S’éteignent lentement sans laisser une adresse

Où rêver un instant serait un don de Dieu.

 

Puis le froid engourdit la chair dilapidée

Et embaume l’esprit d’un parfum d’orchidée

Dépossédant le ciel de son dernier prie-Dieu.   

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Braises de glaise @2015


Publié le 14/07/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 14/07/2024
Dans ce poème les mots accablent l’humain et l’animal, pour ainsi dire le vivant. Le silence et le froid élèvent le vide au sacre de la toute puissance, là où tout est défait, où tout gît sans plus aucune force, sans que le divin n’y puisse rien. Impressionnant cet agencement de mots et d’images précis capables d’annihiler jusqu’au dernier espoir. Chapeau.
Publié le 15/07/2024
Cher Léo me voici sur la dernière page pour aujourd'hui ! Tu t'étonnes sur ma capacité à « annihiler jusqu'au dernier espoir , mais toute création est capable de détruire jusqu'au bout. Elle en possède les moyens et il est vrai que pour simuler l'anéantissement avec des mots il faut une certaine mesure de précision mais aussi une non moins certaine capacité à lier les mots pour étouffer le texte. Je suis terriblement ému devant un inconnu assis devant moi sur un bout de trottoir, les cheveux vaguement hagards, le regard presque indifférent, les mains couvertes de pustules tendant vers moi une main pour une goutte d'argent. La misère celle que l'on peut voir dans nos rues, est une maladie de notre société comme pouvait l'être au Moyen Âge le choléra. Or la poésie se doit de porter un regard sur cette absolue laideur de notre monde. La technique utilisée pour exprimer l'anéantisssement demande bien entendu une grande observation de la souffrance Ainsi, j'ai traversé les rues de Bangkok, j'ai parcouru les boulevards de Berlin Est, j'ai volé des trésors sur les marchés aux puces, j'ai bu dans des bars de quartier, et j'y ai reconnu la même détresse, celle de Dickens dans les Christmas Carols. L'importance de la poésie consiste toujours à semer la bonne parole. Merci encore Léo, je vais de ce pas rejoindre mon grand lit où frissonnent parfois des rêves inouïs. L'aube en laine et lamé se profile soudain Sous le voile cendré d'un ciel couleur de daim.
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