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De Georges Anglade à Roger Gaillard, irréductibles divinors

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Nous autres de la génération de «l'Espace haïtien» , nous avons appris à faire un modeste effort, au-delà des superlatifs traditionnels! Lorsqu’en 1977, ce classique inaugura son long cheminement dans notre curiosité, ma génération commença à apprendre à mieux formuler les questions. Malgré Duvalier, nous regardions le territoire, sa population et son histoire, avec d'autres yeux. Démographie, production et migrations sont des paramètres dont il faut tenir compte. Il fallait cesser avec l'ancienne chanson «la République d'Haïti est un pays essentiellement agricole». Enfin!

Nous voici en cette fin de la décennie 70 et au début des grimaçantes années 80. Pour les habitués de l'ancien Institut Français, des numéros du samedi du journal gouvernemental Le Nouveau Monde et des best-sellers de l'imprimerie Le Natal, Roger Gaillard a déjà expliqué les relations entre Haïti et... les États-Unis d'Amérique.
J'ai cette chance unique d'observer le monumental historien de près. Nous sommes presque voisins. Aujourd'hui encore, il m'arrive de m'arrêter inconsciemment à sa rue Camille Léon, dans une tentative désespérante de conversation:
-Messieurs, ce matin, sur ordre de l'amiral Caperton, des charrettes ont été envoyées dans les casernes haïtiennes; toutes les armes en possession des soldats ont été saisies, et toutes les munitions confisquées. (
Rosalvo Bobo, cité par G. Michel).

Hier, les blancs débarquaient. Depuis 1994, ils sont ponctuellement invités. Par avion et en grande quantité. L'aéroport, ce lieu emblématique d'hier, où des familles et quartiers entiers superbement vêtus, les hommes portant chapeau, venaient saluer un proche qui partait. L'aéroport a été magnifiquement conditionné pour bien accueillir la nouvelle situation... Elle est militaire; policière et profondément alimentaire. Une sorte d’œuvre d’art politicienne symbolisant la précarité en guenilles… Avec coquetterie on avancerait «une peinture naïve faite par et pour déclassés affamés». Qui sur cette planète croit encore dans les manigances haïtiennes?
Mon Cher Roger, il nous a fallu plus de quarante ans pour saisir les sanglantes nuances entre l'histoire haitiano-américaine et la politique des États-Unis d'Amérique en Haïti...

Notes: Le divinor (divinò, en créole haïtien), celui qui maîtrise l’avenir et ses déroutantes surprises…

«l'Espace haïtien» de Georges Anglade, première édition 1974; son adoption dans le secondaire se fit progressivement.

(Extraits de: L’histoire d’Haïti d’un contribuable inquiet...)

Gilbert Mervilus


Publié le 22/05/2024 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 26/05/2024
L’indépendance et l’autonomie sont importants pour assurer la souveraineté de son pays, et surtout, de la stabilité et des citoyens en confiance. J’espère qu’Haïti pourra se sortir de cette situation injuste et inconfortable. Bon courage.
Publié le 26/05/2024
Grands Remerciements en ces temps complexes où le lever du soleil a un parfum de défi!
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