Danielaubordeleau

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J'ai rencontré à l'hôpital un homme avec une prononciation tellement difficile à comprendre qu'il m'a fallu des semaines pour décoder les sons pouvant sortir de sa bouche. Je passais de longues minutes à écouter son débit vocal cherchant des repaires sonores pouvant éveiller ma compréhension, un début de sens à ses propos. Je finis par saisir son nom, Alexandre. Il avait l'habitude de s'approcher de moi en cherchant un cadre de porte pour s'appuyer l'épaule et se mettre à l'aise tout en enclenchant une discussion s'annonçant pénible pour mes neuronnes. J'ai vécu une expérience similaire lorsque j'ai appris l'anglais, un mot perdu dans un paragraphe faisait soudainement apparaître le sens du propos. Je me suis attaché à Alexandre et j'ai finalement réussi à le comprendre. Au fil du temps passé près de lui, mon cerveau a fini par mettre au point  une sorte de décodeur pouvant générer la compréhension quasi immédiate de ses discours. Je le revois encore appuyé sur le cadre de porte lors de notre première rencontre. J'ai fini par comprendre qu'il me disait alors : "J'ai entendu parler de toi par Yvon. Tu restes au bord de l'eau. Je vais t'appeler Daniel au bord de l'eau." Il avait su d'un autre travailleur que je demeurais près du fleuve St-Laurent. 

 


Publié le 09/03/2025 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 09/03/2025
Voici donc l’explication qui mériterait de participer à un atelier d’écriture passé, parmi les premiers qui s’appelait « Moi par un autre ». Ce sont de belles rencontres celles qui permettent de bâtir des ponts communs par le dépassement de soi et du seuil de l’incompréhension. Merci Daniel pour ce beau témoignage.
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