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A la forge des mots tous les bouts de miroir

Rougissent sous le feu d’une encre violette

Décolorant la nuit sur une espagnolette

Entrouverte aux secrets d’un fabuleux tiroir.

 

Un châle de satin échappé d’un ouvroir

Glisse sur un parquet où gît une épaulette,

Comme si le plaisir d’ôter la chevillette

Inondait les jardins d’un embrun de gaufroir.

 

Un page aux longs cheveux se froisse avec ivresse

Entre des doigts de fée aux griffes de tigresse

Qu’un regard d’acier noir contemple avec amour.

 

Le temps fond la lumière au fond d’un vieux cratère

Dont le puissant brasier dissout avec humour

Le seul instant du jour où se livre un mystère.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Feuillets d'argent @2015

 


Publié le 06/06/2024 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 08/06/2024
“À la forge des mots tous les bouts de miroir”… cette image est splendide et m’émeut beaucoup puis qu’il fait écho à “Vitraux de songes” qui était un titre magnifique. La forge c’est l’engagement, l’artisanat, les efforts et le miroir invite à l’introspection et à la réflexion, jamais simple car elle est composée de bouts, d’éclats de vie. Le reste du poème et tout aussi plaisant jusqu’à ce que se dissipe un nouveau jour qui a été le théâtre d’une singulière représentation, car dans tes poèmes-tableau chaque œuvre est unique.
Publié le 11/06/2024
Cher Léo, quel magnifique compliment tu me fais là ! Me rappelant « Vitraux de songes », dont j'ai encore en tête la magnifique analyse faite par Patrick Froissart lors de sa parution, tu rajoutes à l'approche de mon écriture deux éléments essentiels, que l'on retrouve à chaque coin de vers, l'artisanat et la matière de l'artisanat : « les bouts » avec lesquels travaille le poète. La création n'est pas un objet extérieur au créateur. Elle se mêle à sa création avec une matière parfois en fusion, parfois brisée, ou parfois recomposée. La poésie est probablement l'art le plus riche des arts, car il n'utilise pas de matériel mais bien des mots qui le nomment. Et cela est proprement divin. Souvent dans la Bible on retrouve cette idée pour laquelle l'homme remercie Dieu pour avoir donné un nom à chaque chose. Et étrangement, le nom de Dieu n'etant pas prononçable, pour les juifs, lorsqu'on parle de lui ou lorsqu'on s'adresse à lui, on peut utiliser le mot « le nom ». On peut très bien imaginer qu'un poème, que tu appelles avec beaucoup de justesse : « des poèmes – tableaux » soient une œuvre unique puisqu'elle fait appel à un matériel hétéroclite, tiré de morceaux ou plutôt comme tu le dis « d'éclats de vie » et par conséquent de nature plaisante à la divinité. Voilà une magnifique réflexion pour laquelle je te suis particulièrement reconnaissant. Merci encore de tout cœur Léo et à toute suite. Cordialement, F. Étienne. Au bout d'un fil de soie ou danse le soleil la mer enroule l'or d'un éternel sommeil.
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