Les mots sont des tiroirs où s’écaille la laque
Qui recouvre nos peaux d’un reflet opalin
Puisque sous leurs fermoirs une nasse de lin
Brode nos souvenirs d’une lumière opaque.
La margelle d’un astre encercle d’une flaque
Un souffle appesanti du poids d’un esterlin
Pour que meure le soir au bras d’un gibelin
Que nous laissons errer sur le fil d’un abaque.
Nos âmes par hasard éludent des rebus
Qui effacent le temps dont le premier abus
Comble tous nos regrets d’un plaisir de mémoire.
Les mots sont des miroirs qui cachent nos douleurs
Et vident des parfums sur nos bouquets de fleurs
Qui fanent sous nos doigts feuilletant leur grimoire