Chantier de nuit

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Tu mes cœurs 

à force d'avoir peur

tu me perds

sans avoir l'air

de m'en vouloir

je sais

tu aimais

faire l'amour

par inadvertance

au petit bonheur

la chance 

sans précaution 

en coïncidence

dans une double narration

une histoire à 4 mains

appropriée par l'un

ou par l'autre

via la ruse

 l'intérêt

ou pire

la force.

Rupture de contact.

Ce n'était pas

ta souffrance

qui m'attendrissait

plutôt

ta façon de l'exprimer

je me console

avec Mirta Zapine

ou Lora Zépam

les soirs sont longs

parfois

je les passe

à refonder

nos ébats

chantier sans fin

où j'ai laissé

les restes de ton corps

dans un resto du cœur.

Depuis cet abandon

permissif

j'entends

ton écho 

carcéral

en bon

somnologue

j'ausculte

tes nuits blanches

j'y rencontre

le mythe d'Erecte

et des zazous

plus âgés

au milieu d'eux

vestale

tu mènes le bal

ou bien le ring

on y voit

entre deux

moucharabiehs

Neptune en string

Apollon en tongues

tous tes fantasmes

hallucinés 

tour à tour

sainte-putain-victime

et pour quitter l'abîme

et ne pas être en reste

tu proclames

l'amour du geste.

                                                                                  2025

Illustration: Jennifer Connelly in Requiem for a dream

Musique: Hermann, Taxi Driver

https://www.youtube.com/watch?v=ejz5_IbCLoY


Publié le 29/05/2025 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 30/05/2025
Vaste chantier. L'achever ou l'abandonner ? Cet entre-deux, que vous décrivez si bien, prend à la gorge, comme toutes les angoisses qui remontent la nuit.
Publié le 30/05/2025
Merci. Comme un étau que l'on ne desserre qu'avec des vers. Plus forts que l'absurde,aussi, des projecteurs de chantier,illuminant la nuit...
Publié le 31/05/2025
Sophiak a laissé un magnifique commentaire et je me range derrière. Toujours ce ot à mot comme un goutte à goutte, celui d’une ligne qui perfuse le chaos et entretient les plus belles solitudes.
Publié le 31/05/2025
La solitude du poète-grutier dans sa tour de verre et de ferraille qui creuse dans l'irrationnel ambigu de l'autre...c'est bien cela merci!
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