Je vais vous parler de ce que mon frère et Ben Mazué appellent « cette guerre » et que je serais vraiment en peine de nommer. Mais avec ce texte, je vais chercher. Cela va sans doute partir dans tous les sens, mais cela suivra le fil de mes pensées.
Refrain de Ben Mazué :
J'espère, j'espère, que tu vas la gagner cette guerre
Celle dont tu parles à personne
Cette guerre, celle dont tu parles à personne
Cette guerre, celle dont tu parles à personne
La métaphore guerrière est parlante. Une suite de combats, de batailles, de défis pas toujours gagnés, mais qui pourraient faire avancer pour peu qu’on prenne un peu de recul. Cette guerre dont on ne parle à personne est un combat contre soi. Ses démons, ses peurs, ses colères. Ce qui bloque, suffoque.
Moi je parlerais plutôt de chemin parfois abrupt, avec des impasses, de sombres forêts mais aussi des pentes douces, de beaux paysages, des prés. On s’y perd, on s’y retrouve, on se découvre, on prend des repères, on perd le nord, on assume d’être à l’ouest...
Pour mon frère, elle a commencé trop tôt cette guerre. Notre enfance n’en a pas été une. Mais l’enfance idéale existe-t-elle ? Notre résilience est notre force. Elle nous a forgés, lui comme moi.
Pour Ben Mazué et ma kinésiologue :
« Personne va t'sauver, on se sauve tout seul
Tu peux t'faire aider, mais on se sauve tout seul
Personne va t'sauver, on se sauve tout seul
On peut s'faire aider, mais on se sauve tout seul »
On peut se faire accompagner un bout de chemin, avoir une roue de secours, une boussole mais à la fin, c’est nous qui choisissons d’avancer ou pas.
« Pour trouver le bonheur, il faut risquer le malheur. Si vous voulez être heureux, il ne faut pas chercher à fuir le malheur à tout prix. Il faut plutôt chercher comment - et grâce à qui- l'on pourra le surmonter. » nous dit Boris Cyrulnik. Être acteur ! C’est si dur parfois. Si facile de se laisser entraîner dans la file. Si tentant de se laisser embourber dans le marécage ambiant. Mais ces détours, ces découragements sont aussi là pour nous faire apprécier les moments de paix, les moments de grâce, les moments dorés. La confiance se mérite, elle est à gagner !
Parfois, il faudra laisser sur le bord du chemin certaines personnes, et continuer, sans se retourner. Parfois c’est eux qui partent, et il faut l’accepter.
Léonard Cohen nous dit dans son Anthem (Hymne) :
« There is a crack, a crack in everything « Il y a une fissure, une fissure dans tout
That's how the light gets in” C'est comme ça que la lumière entre »
Il ne s’agit ni d’effacer, ni de colmater mais de prendre acte, d’accepter et de continuer à avancer pour être de mieux en mieux, pour être des gens bien comme le dit Mathias Mlezuz dans son film « A bicyclette ». Pas mieux. Alors avançons, profitons du voyage, puisque nous connaissons la destination...