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C’est le tourment du gain dont s'abreuve le souffle
Epuisant dans le temps des caves à trésors
D’où ruisselle le sang de tous les matadors
Eventrés par l’orgueil que le rire boursoufle.
                      
Une part de la vie où la douleur camoufle
Les traces de la peur propre aux tambours-majors
S’offre au premier venu qui suit ces corridors
Dont les portes de verre arment un cœur de moufle.
 
Les rampes d’acier pur les lustres à cristaux
Et les taffas de brume aux reflets végétaux
Encombrent la mémoire en quête d’existence.
 
Puis viennent les refus, les silences sans fin
Et le triste regard d’un vieil homme qui feint
De comprendre le sens d’autant d’omnipotence.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014


Publié le 22/11/2024 / 3 lectures
Commentaires
Publié le 22/11/2024
Les matadors laissent entrevoir une lutte à mort et l'ensemble un périple intérieur complexe, presque labyrinthique avec des corridors qui semblent infinis, tous comme les silences qui emboîtent le pas, jusqu'à vieillir et ne plus pouvoir. Je suis troublé par la force de ton évocation et ce dernier tercet presque sentencieux, condamnant à tout jamais une quelconque bribe d'espoir.
Publié le 22/11/2024
Cher Léo, merci pour un commentaire encore une fois très pertinent qui entre dans le texte et en tire la substantielle moelle. Certaines facettes de la poésie, comme certaines toiles de grands peintres, mettent en valeur des clair-obscur dans lesquels se noie la pensée. Je pense en particulier au Caravage, dont je ne peux pas me détacher d'admirer ses toiles. Il y a bien sûr bien d'autres peintres antérieurs contemporains et postérieurs au Caravage qui ont laissé de magnifiques chefs-d'œuvre, mais souvent ils sont restés noyés dans l'anonymat. C'est précisément ce sujet que j'aborde dans ce poème l'anonymat. Un monde dans lequel nous sortirions de l'ombre serait un monde bruyant, clinquant, un monde de tambour-major, un monde dans lequel aucun refus ne pourrait être entrevu, un monde dont nous serions nous-mêmes la vanité c'est pourquoi j'ai choisi, « un vieil homme qui fent de comprendre le sens d'autant d'omnipotence. » Je suis très tourmenté parfois par la vanité, celle qui emplit aussi l'écriture, car pourquoi au fond écrire, si l'on sait que tout cela est vain. Et qu'est-ce tout cela ? La vacuité de l'écriture. Ainsi l'écrivain et surtout le poète deviennent ce vieillard famélique qui traverse les pages, les entache de son écriture, froisse leurs linceuls La poésie n'est pas toujours synonyme de bien de beau et de bon, même si sa profonde aspiration touche à la vérité. Merci encore une fois Léo pour ta réponse à ce texte et pour ton amitié. Cordialement. Francis Étienne. L'ombre d'une virgule efface de la mer La mousse d'émeraude à la rouille de fer.
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