«Ravel ou machin
C'est déjà la fin...» L. Ferré
C'est certainement l'actualité qui m'a commandé d'écrire ces lignes. Le fascinant jeu psychologique dont les acteurs français ont le secret (Jean Gabin) n’a aucun rapport avec Hollywood. En vérité je l'avoue, je ne savais pas comment ni par où commencer. Après le départ d'Alain Delon, je me suis mis à m'interroger: quels sont les premiers acteurs qui m'impressionnèrent réellement ?
Yves Montand et Simone Signoret.
Je ne me rappelle plus si j'avais vu Peur Sur la Ville, avant ou après Police Python 357. Avec Belmondo en cascade sur les toits de Paris, je me faisais une idée concrète des lieux. Je me disais souvent on doit se sentir heureux d'admirer les yeux d'une voisine évoquant Annie Girardot, à travers les lucarnes d'un immeuble parisien. En très peu de temps, j'avais compris la différence entre un film français et les traductions, malgré l'immense talent des doubleurs.
Avant Une Belle Course, le 36 Quai des Orfèvres est longtemps resté sur mes carnets avec l'explosif duo Auteuil/Depardieu. Mêmes applaudissements continus pour la sagacité du procureur Henry Volney (Y. Montand) dans I Comme Icare. Line Renaud est divinement majestueuse avec les souvenirs de ses anciennes palpitations, pas toujours heureuses. Le simple spectateur s'installe sans rechigner dans le coffre du taxi. Ignoré des caméras, du chauffeur Dany Boon et aussi des services de migration, il arpente clandestinement le Paris majuscule des grandes avenues. J'ai rêvé entre le Louvre et l'Arche de la Défense d'un french James Bond (Patrick Sébastien), avec musique de Charles Trenet comme dans Skyfall (Boum). Incroyable, je ne me suis pas rendu compte que j'ai dans mon cœur un demi-siècle de promenades à travers le Paris des écrans.
S'il ne m'est pas encore aisé d'identifier les arrondissements de Paris, certaines divisions du Père Lachaise me paraissent de plus en plus familières, grâce aux travaux du conservateur Benoit Gallot et de l'historien @stefdesvosges . Thierry Lhermitte nous accompagne pendant quelques secondes devant l'une des entrées, dans Les Ripoux. A l'écran aussi, son compère Philippe Noiret s'offre un voyage en première classe.
Dans la scène du Touriste (Angelina Jolie & Johnny Depp) à la Place Colette, j'aimerais bien servir le café . En admirant les éblouissants yeux de Romy Schneider. Enfin, vous comprendrez que les notes dominantes de mon Paris sur écran transpirent Le Piano du Pauvre de Ferré. J'ai découvert l’immensité fantastique du boléro de Ravel presque ronflant, sur la poitrine d’une écolière, dans un cinéma à bon marché du Port-au-Prince d’avant-hier; uniforme d’écolier, sur le corps et dans l’âme.
Gilbert, 1er février 2025