Autoportrait sans fard

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Je le sais, je suis un assembleur de mots procrastsinateur, repoussant chaque jour au lendemain l’écriture des chefs-d’œuvre supposés guider mes mots vers le panthéon des lettres, en général et de la poésie en particulier … mais voilà …

 

si j'avais belle plume

je vous fréquenterais

méprisant plein de morgue

 

si j'avais belle plume

je vous distillerais

mes avis et sentences

 

si j'avais belle plume

je vagabonderais

de cercles en cénacles

 

si j'avais belle plume

je serais destrier

plutôt que Rossinante

 

hélas hélas hélas

je n'ai point belle plume

pour vous offrir mes mots

 

car l'ordinaire en moi

ne vous y trompez pas

est seconde nature

****

© Jean Luc Werpin  Extrait de Testament des Mots 


Publié le 23/06/2025 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 24/06/2025
Je crois que l’ennemi le plus formel pour un auteur est bien la procrastination. Et je trouve interessant la part l’orgueil qui peut naître chez les écrivains une fois que la confiance en eux est acquise. L’orgueil en écriture provoque la noblesse des mots, même si je lui préfère l’humilité moins naïve car à la vérité ce sont les mots qui sont bien plus grands que nous, d’ailleurs ils sont seuls éternels en traversant les âges. Une belle réflexion menée grâce à ton partage, merci Jean-Luc.
Publié le 24/06/2025
Je sais pertinemment bien que je suis un auteur tout à fait mineur et je n’en ai pas honte, loin de là ! Mais voilà, j’aime m’amuser avec les mots, histoire de maintenir mes petites cellules grises en bon état de fonctionnement. J’avais soixante-sept ans lorsque j’ai commencé à assembler mes premiers haïkus et quatre de plus lorsque, Menues Monnaies, mon tout premier recueil a été publié. Aujourd’hui, après quatre recueils publiés, je n’écris plus que pour mon plaisir et celui de quelques amis. Mis à part Pen Belgique et le Collège de ´Pataphysique, j’ai cessé de collaborer aux associations littéraires dont je fus membre. Le poème ci-dessus en explique les raisons.
Publié le 26/06/2025
De ce poème se dégage une certaine modestie que j'apprécie, personnellement, car le poète ne cède pas à l'orgueil qui n'est pas toujours bonne conseillère. Quant à la procrastination elle reflète les difficultés d'inspirations. Sans idées, pas d'écriture, et c'est l'angoisse de la page blanche... Merci pour ce texte qui suscite d'intéressantes réflexions.
Publié le 26/06/2025
En fait et c’est cruel à dire, mon poème (!) raconte simplement mon expérience au sein des sociétés littéraires.
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