Je ne me rappelle plus vers quelle époque j'ai commencé à commenter certaines particularités de Port-au-Prince. Le 14 août 2018, j'écrivais mon 75ème《mot》sur le principal espace urbain d'Haïti.
Graduellement, suite au séisme du 12 janvier 2010, j'interrogeais les décombres de son ancien centre-ville et l'institutionnalisation consolidée de l'insalubrité. Ces 《mots》, généralement des textes courts, se concentrent sur les maux que nous subissons. C'est ainsi que naquit le boulevard des urinoirs... Un pipi-room à chaque carrefour qui s'empare de plus en plus de toute la ville...
Entre-temps, la ville s'est réduite à quelques quartiers. Mr. Frantz Duval a remarquablement décrit ces temps de guerre: Port-au-Prince rétrécit (26/11/24, Le Nouvelliste).
Bien avant la découverte de tes travaux, certains de nos quartiers "qui sont parfois" de véritables villages se sont installés dans mes carnets: le Bois-Verna (visite chez un vénérable, avril 2012, Medium); Lalue (souvenirs d'un écolier de la décennie 1970-80; décembre 2022, Medium) et récemment Turgeau et voisinage (le peuple des mots; 22 novembre 2024).
La "disparition de la mémoire" des habitants de plusieurs anciens quartiers et la destruction de leurs vies et de leurs biens n'ont pratiquement aucun intérêt pour les instances officielles (?). Elles semblent se sentir à l'aise, car figurant aussi parmi les victimes... Bureaux publics et bâtiments gouvernementaux n'étant pas épargnés les maux que nous subissons...
La gestion des quartiers-villages qui résistent, généralement délimités par des barrières et des barricades armées, constituent un nouveau challenge pour notre XXIème siècle.
Gilbert Mervilus, 3 décembre 2024