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La dernière lumière épouse le brouillard

Et se fond comme un sucre au bord de la banquise

D’où s’échappe en pleurant une vague soumise

Aux griffes d’un orage à l’odeur de buvard.

 

Loin sur le long rivage au bout d’un étendard

Claque un drap de couleur que le ciel par surprise

Déchire comme un mot avec la friandise

De quelqu’un qui s’ennuie avec un ton bavard.

 

Une folle chaloupe éventre de sa proue

La dentelle de sel qui soudain amadoue

Les monstres d’un silence où se creuse la mort.

 

Puis la mer en lambeaux arrache la nacelle

Du dernier trou béant qu’une lâche sarcelle

Contemple comme un œil qui regarde le port

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Braises de glaise @2015


Publié le 13/07/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 13/07/2024
Dans l’immensité des mers intérieures malmenées, ton poème nous fait voguer sur une embarcation précaire à laquelle on se cramponne de toute ses forces, entre l’urgence de la survie et la recherche de son salut. Une incroyable tempête incarnée par ta talentueuse plume qui sait conjuguer toutes puissance et fragilités en des mots toujours sélectionnés avec soin et précision.
Publié le 14/07/2024
Cher Léo, de tes commentaires j'apprends comment tu lis mes poèmes. Dans celui-ci c'est la puissance de l'expérience qui fascine. Cette merveilleuse image où nous sommes à bord « d'une embarcation précaire a laquelle on se cramponne de toutes nos forces. » me fait immédiatement penser à ce passage des Évangiles où Jésus endormi sur le fond de la barque se réveille aux cris de ces marins effrayés à qui il reproche vite : « d'être des hommes de peu de foi. » Tu as par ce rapprochement touché ma plume d'une grâce infinie. La conjugaison des forces comme celle des couleurs d'ailleurs, s'évalue au poids des mots. Certains seront très lourds comme par exemple le mot chaîne, d'autres au contraire d'une magnifique légèreté comme par exemple le mot laine, d'autres encore parfaitement équilibrés emploi comme le mot silence. Quand on écrit il faut donc tenir compte de ces masses et savoir les manier parfois jusqu'à l'extrême sans provoquer le moindre déséquilibre. On m'a offert un jour un jeu composé de nombreux petits morceaux de fer de toutes sortes, sphériques, carrées ou longs, et de quelques aimants, aussi très différents de volumes. Le but de ce jeu est de suspendre toute cette ferraille à une tige en fer vertical, montée sur un socle, et l'on s'aperçoit vite en jouant que l'on doit savoir mesurer la pesanteur de chaque pièce pour ne pas voir son château s'écrouler. Il en est de même dans la poésie ! Merci encore Léo je saute la prochaine page. À tout de suite. Cordialement, F Étienne. Le froufrou d'un baiser effleure de sa langue La joue en bois doré d'un archange qui tangue.
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