Des lunes sans visage à la peau de chamois
Flottent dans de la cendre au cœur d’une écritoire
Dont les feuilles de lin recouvertes d’ivoire
Dérobent au soleil un frère siamois.
 
Chaque mot qui trahit la foule des émois
Mâche le grain salé d’un vœu expiatoire   
Et comme un souvenir mangé par la mémoire
Crache sur le dernier des jours de chaque mois.
 
Perle à perle une flamme avale de la cire
Qui coule d’un bougeoir sur une tirelire
Regorgeant de regrets et de larmes d’encens.
 
A genoux devant Dieu l’ange aux ailes de plâtre
Egraine un chapelet d’une voix de bellâtre
Et clôt ainsi la nuit sans effrayer les sens.

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2025
 


Publié le 12/02/2025 / 9 lectures
Commentaires
Publié le 13/02/2025
Les mots apparaissent dans ton poème comme la clé de voute de ton édifice poétique. De la fragilité de ce qu'ils peuvent trahir, à la piété qu’ils peuvent revêtir lorqu’ils sont confiés à la prière, comme une incantation expiatoire. Les mots sont de la matière que nous leur conférons, c’est ce qui fait leur singularité. Merci Francis Etienne d’aboir suscité cette réflexion matinale par ton très beau poème.
Publié le 21/02/2025
Merci cher Léo d'avoir lu ce texte avec autant de perspicacité. Les mots sont en effet les seuls éléments dont nous disposons pour habiller nos pensées. Ils sont aussi ces offrandes si particulières de nos prières. Ils revêtent des aubes de silence comme des symphonies d'instruments. Ils se mêlent des moindres détails de notre vie et nous donnent la clé de toutes les questions que nous nous posons. Ils ont la souplesse de la soie et peuvent se raidir comme de l'acier. Oui, ma matière ce sont les mots la clé de voûte de mon édifice, c'est avec eux que je construis des châteaux de cartes, fragiles, que j'expose chaque jour à la lecture d'entre vous. Merci Léo pour la proximité et pour ton soutien dans ma progression poétique; très cordialement et à plus tard Francis Étienne. Un long bout de ficelle attache au firmament Des lustres de saphir au soupir si charmant.
Publié le 13/02/2025
On sent derrière les mots le caractère sacré, religieux, mêlé à une sorte de bestialité avec "mâche" et "crache", ce vocabulaire de la déglutition. S'en est presque profane mais les mots viennent sublimer le sacré pour rappeler que son aura est plus forte malgré la présence de la fragilité. J'apprécie de m'ouvrir aux textes qui évoquent Dieu, la religiosité, bien que, volontairement, je n'écrirai pas sur ce sujet, ou seulement de manière trompeuse. Merci à vous pour ce poème.
Publié le 21/02/2025
Merci Lucie de tout mon cœur pour le message que vous avez laissé, et qui me traduit le type de relation que vous avvre avec le texte que je viens de publier. Vous avez parfaitement senti la dimension religieuse de mon écriture. C'est une expression de mon être le plus profond; des années de latin et des années de prière en latin teintent chaque ligne que j'écris. Je crois que l'homme peut pas se séparer de l'idée de Dieu, parce que c'est une idée qui est en lui et qui définit son humanité. La bestialité la fragilité la tristesse et tous les sentiments qui érodent nos vies viennent nous assaillir constamment. Aussi, dans mon écriture ai-je voulu mettre en lumière ce combat permanent entre un moi profond très religieux et un moi plus superficiel et tentateur. Merci beaucoup pour votre franchise et surtout pour avoir pris le temps de laisser quelques lignes sous ce texte. Cordialement, Francis Étienne,
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