A plaire sans péril, il manque l'essentiel

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Ce texte participe à l'activité : Fables

Bientôt retraité aux jeux de vieux il faut que j'adhère

Alors je m'entraîne à regarder les autres sans rien faire

A travers la fenêtre voir le monde se remuer

Celui des hommes et aussi celui des ramiers

 

Devant chez moi il y a trois charmantes maisons

A gauche la plus haute, à droite un peu moins

Et la plus basse au centre celle sans prétention

 

Sur ces toits chaque jour se pavanent des pigeons

Enfin sur le gauche et sur le droit seulement

Il faut croire que ces oiseaux se croient importants

Le faîte le plus bas, c'est celui qu'ils dédaignent

N'y poseront pas une plume à moins qu'on les contraigne

 

Ce matin, sur les deux toits les plus élevés

On n'aurait pas pu un seul pigeon ajouter

Cinquante volatiles espacés chacun d'un pied

Regardaient bien droit devant eux comme à l'armée

 

Sur le toit le plus bas il y avait juste un mâle

un gros mâle bourru ou peut-être marginal

Qui lui aussi regardait en ma direction

Un modeste seul au milieu de mon horizon

 

Une femelle non loin de lui à sa droite s'est posée

Était-ce une allumeuse qui sait ou peut-être une paumée

Après un bref instant d'elle le mâle s'est rapproché

Effarouchée ou feignant l'être elle a bondi sur le côté

 

Pas bégueule ni timide le gros sergent persiste

Ni émue ni davantage séduite elle résiste

Et d'un seul coup d'aile passe au dessus du bonhomme

Se pose à l'opposé son mépris au summum

 

Après du looser un dernier essai tenté

Elle s'envole au loin c'est cuit plus la peine d'essayer

Plus qu'un malaise qu'il y a eu entre ces deux-là

C'est un râteau qu'il s'est pris puis voilà

 

Les autres sur les hauteurs mine de rien regardaient

Se retenant de rire c'est sûr il se marraient

Le gros pépère stoïque droit devant regardait

Il n'ignorait pas que c'est de lui qu'on se moquait

 

Mais il savait qu'il n'avait pas à avoir de regrets

Parce que les péteux là-haut jamais ne sauraient

Le vertige que donne la seconde ou tout est possible

Le bonheur de croire qu'elle peut t'être accessible

 

Et c'est ce qu'est l'amour oser risquer la veste

Comment lui sembler beau sans possible funeste

 

Sur les sites de rencontre qu'il en prenne de la graine

Celui qui ne se mouille pas par peur qu'on le malmène

Par crainte du revers de la honte ou du bide il saura

Qu'à plaire sans péril d'une seule fesse on l'aimera

 

 

 

 

 

 


Publié le 25/02/2024 / 13 lectures
Commentaires
Publié le 27/02/2024
Point une allumeuse et encore moins une paumée mais bel et bien une lady qui aurait probablement espéré une approche moins brutale. Que les autres au lieu de se gausser en prennent de la graine de pigeon : être un gentleman prend du temps et nécessite d'en maîtriser tous les codes. Une participation très originale que ce soit sous sa forme et dans l'approche, bien joué.
Publié le 07/04/2024
Le jeu de la séduction vaut chez tous, volatiles ou mammifères et qu'on soit sur un toit ou sur la terre ferme, les émotions chahutent celui, timide ou hardi, et celle, sincère ou actrice, qui es éprouvent. Une jolie société volatile, assortie du public qui se gausse. j'aime bien le mimétisme. Merci !
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