Sous la feuille des voix une cascade d’ambre
Jaillit de la pénombre où se tapit le roi
Le cœur presque étouffé par l’horreur et l’effroi
Devant la solitude en sa funèbre chambre.
 
Les yeux soudain crevés le souverain se cambre
Et bondissant de peur déchire la paroi
De de ses ongles en sang face à ce désarroi
Qui brise tout espoir comme un corps qu’on démembre.
 
Lente, faible et profonde une plainte grandit
Et trouble son esprit d’un supplice maudit
Dont ses sens abusés rejettent le mensonge.
 
Puis il s’effondre alors prisonnier d’une nuit
Qui recouvre son âme et son destin détruit
D’un voile plus épais que les pages d’un songe.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Soierie de marbre @2014


Publié le 31/03/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 31/03/2025
Œdipe cherchait un coupable aux malheurs qui s'abattaient sur Thèbes, il a réalisé que le devin Tirésias avait raison. C'était lui, Œdipe. On ressent le choc de cette prise de conscience, les mots sont percutants, et ils m'ont ramené à l'étude de l'œuvre de Sophocle, et à son adaptation cinématographique par Pier Paolo Pasolini avec plaisir. Merci Francis Etienne !
Publié le 01/04/2025
Lorsque vous parlez de Sophocle et de Pasolini, bien des souvenirs de ces deux chef d'œuvres me reviennent. Combien d'heures ai-je placé à traduire le texte grec de Sophocle et en particulier Antigone. Bien entendu le film de Pasolini que je suis allé voir en courant s'est terminé avec bien entendu ce choc face à l'écran. À l'époque, je suis sorti de la salle irrité par le film, parce que je pensais que l'usage de l'image et la perception des personnages était démesurément distordus. Bien des années plus tard j'ai revu le film mais mon opinion avait changé. Peut-être étais-je trop jeune la première fois. Le personnage d’Œdipe m' a toujours fasciné car il représente à lui seul le destin que les Grecs ont traduit par moira qui sont aussi des divinités. Je me souviens de ce professeur de grec en faculté, qui avait passé plus d'un trimestre sur ce seul mot. Peut-être que l'exemple que j'ai retenu de tout cet enseignement c'est celui bien entendu d’Œdipe. C'est le destin d’un homme dont le fameux complexe ne l'a jamais affecté. C'est le destin qui s'est mis en jeu ou plutôt qui s'est appliqué. Merci en tout cas pour ce magnifique commentaire qui me touche beaucoup dont je vous remercie de tout cœur . très cordialement Francis Etienne
Publié le 01/04/2025
Quel incroyable rendu. Des vers percutants qui excavent bien toute la douleur et l’aliénation mêlant peurs et solitudes d’un monarque en fin de règne, de puissance et de gloire. Où lorsque le vide béant se dérobe sous les pieds. Un vertige d’une vive mélancolie que l’on doit à ton incroyable sensibilité.
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