Il y a des livres qu’on lit.
Et il y a des livres qu’on traverse, presque comme une épreuve, un voyage intérieur dont on ne sort pas tout à fait le même.
Ravage appartient à cette seconde catégorie.
On y entre avec curiosité, comme dans une grande ville futuriste : amusé par les inventions, ébloui par les lumières, surpris par l’audace de Barjavel qui imagine un monde entièrement dépendant de la technique.
Puis, sans prévenir, quelque chose se fissure. Et le lecteur est emporté dans une tempête qui arrache tout :
les certitudes, la modernité, le confort, et surtout cette illusion folle que notre monde est solide, indestructible, éternel.
Quand on referme ce livre, on a l’impression d’avoir marché dans la cendre avec les personnages, d’avoir cherché l’eau avec eux, d’avoir respiré la poussière, puis enfin, d’avoir vu la nature reprendre son souffle.
On ressort épuisé, bouleversé, vivant.
Et l’on comprend soudain que Barjavel, en 1942, n’écrivait pas seulement une fiction :
il posait sur le papier la vision d’un monde qui brûlait réellement autour de lui.
Un livre écrit en pleine guerre, dans une époque où l’effondrement n’était plus une hypothèse, mais un voisin.
En écho à la chronique de Léo sur Sapiens, qui raconte la naissance de l’humanité,
Ravage explore sa fragilité et ce que pourrait être sa fin.
Deux visions opposées, mais complémentaires :
comme le premier battement d’un cœur…
et le dernier.