J’ai lu La Promesse de l’ange de Frédéric Lenoir, et je dois dire que je suis encore profondément ancré dans cette histoire.
C’est une ode à l’histoire religieuse, à l’histoire chrétienne, à la vie monastique et à la spiritualité. Mais c’est aussi, et peut-être surtout, un roman profondément humain.
Le livre tisse deux récits en parallèle.
D’un côté, le monde contemporain, avec Johanna, archéologue, et ses collègues, pris dans une enquête scientifique rigoureuse, menée notamment entre Cluny et le Mont-Saint-Michel.
De l’autre, le XIᵉ siècle, au cœur même de la construction du Mont-Saint-Michel, où l’on suit Romand, moine bâtisseur, et Moïra, femme libre, ancrée dans une spiritualité ancienne, terrienne, non exclusive.
Ces deux époques, ces deux vies, ces deux femmes surtout Johanna et Moïra finissent par se répondre, par dialoguer à travers la pierre, la mémoire, la terre. Le roman donne parfois l’impression de ne pas être une fiction tant tout paraît plausible, crédible, solidement documenté.
Le travail historique est remarquable :
on y découvre les différences entre l’art roman et l’art gothique, les chapelles carolingiennes, les cryptes enfouies, la logique des bâtisseurs. On évoque aussi Cluny et la basilique Cluny III, gigantesque édifice aujourd’hui disparu, qui fut en son temps l’une des plus vastes églises de la chrétienté, peut-être même plus grande que la basilique Saint-Pierre de Rome.
Mais La Promesse de l’ange n’est pas qu’un roman historique.
C’est aussi un récit de drames intérieurs, de conflits spirituels, de choix impossibles. Il y a du suspense, une enquête, des révélations, et des scènes d’une intensité parfois éprouvante, qui demandent qu’on s’arrête, qu’on respire entre les chapitres.
Ce livre a été traduit dans de nombreuses langues et a reçu d’excellentes critiques, y compris dans le monde anglo-saxon. Et on comprend pourquoi. Après l’avoir lu, on ne visite plus le Mont-Saint-Michel de la même manière. On ne fait plus du tourisme : on cherche des traces, une ambiance, une mémoire. On marche autrement.
C’est presque une épopée :
celle de la construction d’un lieu hors du commun,
et celle, mille ans plus tard, de femmes et d’hommes qui tentent d’en comprendre le sens enfoui.
Je recommande vivement ce livre, que l’on peut lire d’une traite ou, comme je l’ai fait, chapitre par chapitre, en prenant le temps. Certains événements sont si forts qu’ils appellent une pause.
La Promesse de l’ange est un roman mystique sans dogmatisme, spirituel sans prosélytisme, profondément apaisant malgré les drames qu’il traverse.
C’est, pour moi, une forme de réconciliation avec beaucoup de choses.