Quand tout s’effondre reste les livres. La vie de Nabil Al Jaber pourrait se résumer ainsi. Ce libraire, habitant Gaza, tu le rencontres, toi, lecteur, qui te trouves dans la peau d’un journaliste reporter de guerre.
Cela se passe avant le 7 Octobre. Le patron de ton journal t’envoie sur place pour rendre compte des conflits entre Israéliens et Palestiniens. Tu cherches des témoignages, et c’est à ce moment que tu rencontres Nabil Al Jaber. Ce libraire qui vit au milieu des pages de ses livres. Il te conseille quelques lectures, puis, le jour suivant, te raconte son histoire. C’est celle d’un enfant chassé de sa ville natale par la guerre, et qui vit avec sa famille dans un bidonville, un endroit de fortune fait de tentes abritant de nombreuses familles. Il te raconte ce moment où les balles lui arrachent son frère, où son père, voulant défendre sa famille, est frappé violemment au sol par un soldat, où il rencontre celle qui sera l’amour de sa vie, où il croise la route de la culture. Les livres sont, pour lui, un moyen de résister à l’envahisseur, de ne pas perdre espoir, de garder, coûte que coûte, cette petite étincelle de vie au centre du chaos.
Chaque chapitre fait référence à un ouvrage qui relie Nabil intimement avec la littérature. Ses livres ont calmé sa colère, grandissante quand il voit ce que les combats font de ses proches, lui ont appris la douceur. L’humanité. Les mots sont le seul lien qui lui reste avec l’humain dans un monde qui se veut tout le contraire. La culture est la créatrice d’une solidarité entre les Palestiniens.
Contre les bombes et les corps maculés de sang, les mots et le livre. Voilà ce que transmet Nabil “perdu au milieu de ses livres, comme il l’est dans ce monde absurde, enragé, inhumain.” avant le 7 Octobre, avant que tout ne s’efface.