(Répliques)
Mon enfance est tombée d’une branche sèche
Au moment où mes seins ont commencé à éclore.
Devant mon étonnement et ces bourgeons fragiles,
Le goût amer de mes poupées a envahi ma bouche.
Depuis cet instant,
Mes jours et mes nuits ont vécu l’étouffement,
Enfermés dans les barreaux bleus d’un soutien-gorge.
J’ai encadré mon enfance et mes poupées
Pour les offrir à l’étagère, comme un souvenir figé.
La douleur, telle une foudre éclatante,
S’est propagée dans le champ de mon être,
Et le rouge du sang a peint la terreur
Dans la prison de mes angoisses.
Le miroir a serré dans ses bras
La honte de ma métamorphose,
Tandis que les murmures de mes compagnes de jeu
Ont soufflé en moi la culpabilité offerte en silence.
Je ne savais pas encore
Que je vivrais dans un corps
Dont la terre serait
La plus sismique du monde.
Et ces tremblements n’auront jamais de fin.
Mais malgré tout,
Au milieu des secousses et des métamorphoses,
Je vivrai sur cette terre,
Avec amour,
Avec légèreté,
Avec résilience,
Et dans le bonheur.