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Les acrostiches célèbres

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Ce texte participe à l'activité : L'acrostiche

Les acrostiches sont un bon moyen ludique pour écrire tout en s’amusant. S’ils sont aujourd’hui très populaires, de grandes figures des lettres et de l’histoire s’y sont essayées. Voici un petit florilège des acrostiches les plus célèbres.

 

Commençons tout d’abord par Guillaume Apollinaire qui a écrit un acrostiche pour deux femmes, Maria et Lou dans son poème "Adieu !" (repris à plusieurs reprises) qui est le diminutif de Louise, qui a été son amante :

 

Maria

 

Mon aimée adorée avant que je m'en aille

Avant que notre amour triste défaille

Râle et meure ô m'amie une fois

Il faut nous promener tous les deux seuls dans les bois

Alors je m'en irai plus heureux que les rois.

 

 

Adieu !

 

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort

O Lou le mien est plus fort encore que la mort

Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

 

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie

On aime en recevoir dans notre artillerie

Une par jour au moins une au moins je t’en prie

 

Lentement la nuit noire est tombée à présent

On va rentrer après avoir acquis du zan

Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

 

La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde

O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde

Un cœur le mien te suit jusque au bout du monde

 

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ

On va rentrer Il est neuf heures moins le quart

Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

 


 

Autre poète à s’y être essayé : François Villon, qui s’est servi de son nom pour composer l’acrostiche suivant, dans « Le grand testament »  :

 

Vous portâtes, digne Vierge, princesse,

Iésus régnant qui n’a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,

Laissa les cieux et nous vint secourir,

Offrit à mort sa très chère jeunesse ;

Notre Seigneur tel est, tel le confesse : En cette foi je veux vivre et mourir.

 


 

Et puis il y a également des acrostiches partiels, c’est le cas du Dormeur du Val de Rimbaud dont le poème se termine ainsi :

 

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 


 

Si les personnalités des Lettres s’y sont essayées, il en va de même pour les têtes couronnées, comme en témoigne cet acrostiche de Louis XIV composa également un acrostiche qui aurait été rédigé à l’intention d’un courtisan sans le sou, et vous allez le lire, il n’a vraiment pas les chevilles qui enflent :

 

Louis est un héros sans peur et sans reproche
On désire le voir. Aussitôt qu'on l'approche
Un sentiment d'amour enflamme tous les coeurs.
Il ne trouve chez nous que des adorateurs.

Son image est partout... excepté dans ma poche.

 


 

Toujours sur le volet historique, souligner la bravoure d’un officier de l’armée française du nom de Julien Clément, qui était également résistant, qui s’est servit de l’acrostiche pour insulter Hitler, en parvenant à faire diffuser son acrostiche comme étant une ode au Maréchal Pétain, acrostiche qui a été publié par le gouvernement de Vichy sans se rendre compte de la teneur réelle de son contenu :

 

A NOTRE CHEF, LE MARECHAL PETAIN

 

Maréchal ! Que ton nom soit gravé dans l’histoire

Et que dans tous les temps on l’entoure de gloire.

Rends à tous ces Français que tu voulus sauver

Du désastre complet qui pouvait arriver

Et l’amour du Devoir et la noble espérance

Pour que bientôt, par eux, revive notre France.

 

O ! Qu’une légion saine et forte à la fois

Unanime à répondre à l’appel de ta voix

Ranime dans nos rangs cet esprit d’autrefois.

Honneur ! Patrie ! Ces mots étaient notre devise,

Ils le seront toujours, mais sans qu’on les divise

Travail ! Famille ! aussi doivent y figurer

Liant au fier passé notre droit d’espérer

Et nous verrons, demain, la Nation nouvelle

Relever de ses maux notre France immortelle.

 

J.Clem.

Saint Etienne 1.1 1941

 

Au vu du contexte, on peut imaginer ce qui aurait pu survenir si l'acrostiche avait été mis à jour à cette prériode. 

 


 

Et puis, même si l’attribution en est contestée, c’est sous forme de message caché coquin que l’on a attribué à Alfred de Musset et George Sand cet acrostiche qui cette fois, utilise le premier mot de la phrase pour donner à la verticale un tout autre sens que voici :

 

QUAND je mets à vos pieds un éternel hommage
VOULEZ-vous qu'un instant je change de visage ?
VOUS avez capturé les sentiments d'un coeur
QUE pour vous adorer forma Le créateur.
JE vous chéris, amour, et ma plume en délire
COUCHE sur le papier ce que je n'ose dire.
AVEC soin, de mes vers lisez les premiers mots
VOUS saurez quel remède apporter à mes maux.

 

Ce à quoi George Sand lui aurait alors répondu :

 

CETTE insigne faveur que votre coeur réclame
NUIT à ma renommée et répugne à mon âme.

 


 

Certains acrostiches mettent du temps à être identifié au point de se demander parfois si c’est le fruit du hasard ou si c’était véritablement un résultat attendu. C’est le cas de Corneille, dont on a trouvé acte 2, scène 3 l’acrostiche suivant :

 

S'attacher au combat contre un autre soi-même,
Attaquer un parti qui prend pour défenseur
Le frère d'une femme et l'amant d'une sœur,

Et rompant tous ces nœuds, s'armer pour la patrie

Contre un sang qu'on voudrait racheter de sa vie,

Une telle vertu n'appartenait qu'à nous ;
L'éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux,

 

L'exercice vous tente ? Écrivez votre acrostiche, publiez le ici, et partagez le au lien suivant


Publié le 30/12/2024 / 70 lectures
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