L'oubliette

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An 1308

Elias court dans la forêt des Brûlots. Derrière lui, le roulement lourd des chevaux qui foulent la terre, les aboiements de la meute de chasse lancée à ses trousses, entrecoupés des cris d'encouragements des hommes d'armes.
Elias court de toutes ses forces, à perdre haleine, ce qui, à son âge arrive vite. Il ne sait pas vraiment pourquoi il est pourchassé, mais il en a une vague idée. Il se repose encore une fois la question et perd quelques secondes de concentration. Son pied bute sur une racine. Il s'affale de tout son long.
Le souffle coupé, il ne peut se relever à temps et se retrouve encerclé par une meute grondante de chiens et de cavaliers goguenards.
«  Regardez donc le gibier de choix que nous avons attrapé, » rigola le chef de la troupe « Enfin nous l'avons ! Saucissonnez-moi ce lascar et rentrons au château. Le seigneur sera satisfait. »

C'est ainsi qu'Elias fit son entrée dans la forteresse de Thail. C'était une construction massive, dont l'architecture lourde prouvait qu'elle était dédiée à l'art de la guerre et non au repos.
Perchée sur un éperon rocheux de la vallée de la Sylve, elle semblait directement issue du rocher d'où elle s'élevait. Des murs épais, avec une succession de tours rondes, de tours de guet, un donjon carré, le tout ceinturé par des douves larges et profondes. La seule entrée, lourdement défendue, était au sud.
La forteresse de Thail faisait face au royaume de France et se trouvait dans la position clé de permettre, ou pas, le passage de troupes par la vallée.

Elias fut transporté dans la grand salle, délié et attendit entre deux rustauds l'arrivée du maître des lieux.
Il n'eut pas longtemps à attendre, dans un bruit de métal s'entrechoquant, le seigneur des lieux apparu. Il portait son armure, habillée d'un simple tabard blanc. On sentait le militaire avant tout.
Pierre de Thail était à l'image de sa forteresse : trapu, musclé comme le sont ceux qui vivent de la guerre. Il portait ses cicatrices comme on porte une distinction. De son large visage, ce qui frappait le plus chez lui était ses yeux. Ils étaient emplis du feu d'une sombre et profonde colère. Peu de gens pouvaient soutenir ce regard sans vaciller.
On disait de Pierre de Thail que c'était un ancien templier, rescapé des récentes purges et qui avait vécu la disparition de son ordre comme une humiliation personnelle. Il était de notoriété publique qu'il cherchait à rassembler une armée et marcher contre le roi de France.
Il s'assit sur son trône, mit son épée devant lui , pointe au sol et croisa ses mains sur le pommeau.
- « Mon bon sieur Elias » commença-t-il, « il me plait que tu aies répondu à mon invitation ».
Elias ne répondit pas. Qu'aurait-il pu répondre sans risques...
«  Elias » reprit-il «  j'ai peu de temps alors je vais être direct. Tu sais mon besoin d'or et d'argent pour une cause qui m'est chère. J'attends de toi que tu contribues »
« Monseigneur, je serai heureux de contribuer à la hauteur de mes maigres ressources de marchand... ». Pierre de Thail frappa de son poing ganté de fer sur son accoudoir :
« Il suffit Elias, n'abuse pas du peu de patience qu'il me reste ! Elias le marchand ne m’intéresse pas. Je m'adresse à Elias d'Auroum, Alchimiste du 1er cercle et maître du Grand Oeuvre. »
Elias pâlit. Il savait !
« Sieur Alchimiste, mes espions me disent que tu aurais achevé le Grand Oeuvre et trouvé le secret de la pierre philosophale, la transmutation du plomb en or. Je veux ce secret ou du moins, que tu fabriques de l'or pour ma guerre. »

Elias resta silencieux. Comment avait-il su pour sa découverte ?
Il avait pourtant respecté toutes les précautions de son ordre et n'avait rendu compte qu'auprès du Magos Primaris, Maître du Conclave.
Trop tard maintenant, ce n'était plus l'heure des questions. Une seule chose restait sûre : si or il y avait, jamais le Grand Oeuvre ne serait au service de la guerre et du chaos.
« Seigneur, je pense humblement que vous avez été mal informé, » tenta-t-il « je ne suis pas cet Elias là et je ne m'y entends point en métaux et autres choses alchimiques ».
«  Elias, mon bon Elias, » sourit Pierre de Thail « ta réponse ne me surprend pas et je m'y attendais. Je pourrais pour sûr user de la torture mais toi et moi savons que tu ne parlera pas. De plus, j'ai besoin de toi entier ! »
Elias se rassura.
« Cependant, ne croit pas t'en tirer si facilement. Tu vas rester céans. Je t'offre gîte et atelier. Tu devra en revanche mériter ton repas. Nous nous reverrons quand tu aura retrouvé la mémoire et fait ce que j'attends de toi. Menez-le à son atelier ! » jeta-t-il aux gardes.

Les gardes se saisirent d'Elias et l'emmenèrent vers les bas fonds de la forteresse. Evidemment, Elias se débattit avec l'énergie du désespoir. Il hurlait comme un damné et promettait tantôt la damnation éternelle aux gardes, tantôt cherchait à les soudoyer avec des promesses insensées. En vain.
Ils le mirent dans une sorte de nacelle et ils commencèrent à le descendre dans les profondeurs de la terre. Alors qu'on le descendait aux oubliettes, il hurla une dernière fois :
« Pierre de Thail, c'est toi qui viendra à moi et nous partirons ensemble. Je fais serment que jamais argent ou or mal acquit ne fera le bonheur de la lignée de Thail ».
Puis il disparut dans les sombres entrailles de la forteresse.

Le temps passa et jamais Elias ne révéla jamais son secret. Pierre de Thail et ses ambitions furent balayés par le roi de France et disparu des pages de l'Histoire.
Plus jamais on entendit parler d'Elias d'Auroum, Alchimiste du 1er cercle, Maître du Grand Oeuvre et son secret fut perdu avec lui.

 

Année 2020

La forteresse de Thail est devenue un château de villégiature. Il a subi les assauts et les outrages du temps. Il n'est plus en bon état.
Aucun membre de la famille de Thail n'a jamais fait fortune. Le château est aujourd'hui habité par le dernier descendant du seigneur de Thail. Il s'appelle Pierre Thaillet.
Lors de la Révolution, les titres et les particules disparaissaient rapidement. Après que la famille ait perdu quelques têtes, elle se résolut à perdre également sa particule. La conscience aiguë du moment la poussa même à républicaniser son nom de famille et c'est ainsi qu'elle devint la famille Thaillet.

Aujourd'hui, Pierre est particulièrement triste : il attend la visite de représentants du ministère de la Culture. Il s'est résolu à vendre des manuscrits de l'immense bibliothèque familiale. Il y a des manuscrits très anciens, des incunables uniques et il espère bien en tirer une somme substantielle pour faire des travaux dans le château. Juste le corps de logis où il vit car le reste est trop cher à réparer. Peut-être même faudra-t-il se résoudre aussi à vendre le château...

Avec nostalgie, Pierre feuillette des livres pris au hasard. Jusqu'à tomber sur un vieux manuscrit un peu mité qui raconte l'histoire des folles ambitions de vengeance de son aïeul et de sa tentative de soutirer le secret de la Pierre Philosophale à un vieil alchimiste, qu'il avait fini par enfermer dans le donjon du dessous.
Plus Pierre lisait les minutes de la rencontre et du jugement, plus il s'interrogeait sur la véracité de l'histoire. Elle était connue dans la famille et certains avaient fouillé le donjon mais en vain.

Cependant, Pierre avait noté qu'il était fait état du donjon du dessous. Intrigué, il chercha et trouva un vieux plan de la forteresse d'origine, telle qu'elle était au 12ième siècle. Il l'observa attentivement et comprit d'un seul coup : le donjon du dessous était une série de puits dans lesquels de parfaites oubliettes avaient été creusées dans la roche. En plus, l'une des maximes d'alchimiste les plus connues disait bien que « tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » !
Mais il remarqua également qu'à l'écart des autres puits, il en existait un autre avec une seule cavité. Sans aucun doute pour une occasion unique, pour un prisonnier spécial. « Comme un alchimiste par exemple » pensa-t-il.
Comme il était seul et avait du temps devant lui, il voulu en avoir le cœur net. A l'aide du plan, il chercha ce fameux puit. La configuration avait bien changé au fil des siècles, les passages n'existaient plus ou étaient obstrués depuis longtemps. Mais il réussit à en trouver un, dans les sous-sol qui le mena à un puit dont le diamètre était un peu particulier, bien supérieur à celui d'un puit classique. En plus, une vieille cage rongée par la rouille trainait sur un coté.

Pierre repéra une vieille corde qui lui paru suffisamment solide pour qu'il puisse s'assurer avec. Il attacha une extrémité autour d'une grosse roche qui dépassait du mur et enroula l'autre autour de sa taille. Il sortit son smartphone, en alluma la lampe et commença à descendre lentement en rappel.
Il faisait noir, ça sentait le moisi. Les parois étaient noires, suintantes d'humidité et semblaient s'enfoncer au cœur de la terre.
La descente semblait ne jamais devoir finir et la corde était presque entièrement déroulée quand ses pieds touchèrent une corniche. Son smartphone éclaira le début d'une galerie. Moins haute qu'un homme, elle était plus sombre que le puit qu'il venait de descendre.
Pierre détacha la corde de sa taille et s'engagea dans ce qu'il reconnu comme être un couloir. A peine avait-il avancé de quelques mètres qu'il se cogna la tête dans quelque chose de dur. Levant son smartphone, il découvrit ce qui ressemblait à une torchère avec sa torche.
« Drôle d'installation pour une oubliette quand même ! » se dit-il.
Il sortit son briquet et tenta d'allumer la torche. Et comme dans les films, elle s'enflamma en craquant du premier coup. Dégageant la torche de son support, il continua et se retrouva très vite devant une porte en bois. Curieusement, il sentait la caresse d'un courant d'air qui lui amenait des odeurs diverses et émoussées.
Il tira la porte à lui. Elle ne bougea pas d'un pouce. Il tenta alors de la pousser et elle s'ouvrit sans trop de difficultés. Une grande salle ronde avec un plafond en dôme percé d'une ouverture l'attendait.
De part et d'autre de la porte, il repéra d'autres torches, qu'il alluma avec la sienne. Quand il eut fini de toutes les allumer, il découvrit dans la lueur dansante des torches de longues tables recouvertes de flacons, de fioles de toutes tailles, de creusets et de marmites en tout genre. Une installation à base de cornues joufflues, d'alambics et d'athanors, reliés entre eux par des serpentins de verre et de cuivre, occupait le centre de la table. Face à la porte, sur le bord de la table, trônait un crâne grimaçant.
A côté de la table, vers le centre du dispositif, un lutrin de bois supportait un vieux grimoire dont les  pages moisies et gonflées par l'humidité avaient perdu toute cohérence d'écriture.

Pierre réalisa qu'il avait trouvé le laboratoire du fameux alchimiste qu'avait enfermé son aïeul. Son intuition était bonne : le donjon du dessous était bien une oubliette. Il avait réussi là où d'autres avaient échoués.
La porte claqua brutalement. « Le courant d'air » pensa Pierre et il continua son exploration. Ce fut rapide : un espace était occupé par une paillasse mitée, un brasero et un fauteuil au grand dossier.
En s'approchant, Pierre découvrit un mélange de tissus et d'ossements. Il avait trouvé ce qu'il restait de l'alchimiste, dans des robes moisies et déchirées. Il remarqua deux choses perturbantes : d'une part, il manquait le crane de l'alchimiste et d'autre part, une main squelettique dont un doigt semblait pointer vers quelque chose.
Pierre était excité. D'abord par l'intensité de l'aventure qu'il vivait bien sûr mais aussi par le frisson de l'espoir de découvrir quelque chose de valeur et dans sa situation, ça voulait dire beaucoup.
En s'avançant vers le mur désigné par le doigt, il buta sur ce qu'il s'aperçut être un livre.Un peu mieux conservé que le grimoire, il était plein de colonnes, de chiffres et de dates. En tentant de déchiffrer quelques lignes presque intactes, Pierre comprit qu'il avait entre les mains une sorte de carnet de bord qui datait les jours où Elias l'alchimiste recevait des provisions.
« Evidemment, pas fou l'aïeul. Il ne voulait pas tuer la potentielle poule aux œufs d'or. Il a nourri son prisonnier ! La légende n'est pas complètement exacte... » se dit-il en souriant.

En s'approchant du mur, Pierre découvrit des signes ésotériques gravés sur les pierres du mur. Des signes et des mots, comme un long parchemin rédigé à même le mur et courant sur toute la rotondité de la salle.
Torche à la main, il suivit le texte le long du mur. Il aurait bien été incapable d'expliquer pourquoi : il ne comprenait rien au texte et les dessins étaient bien trop ésotériques pour lui. Mais la curiosité le poussait et l'aiguillonnait. Tout juste arrivait-il par endroit à reconnaître ce qui pouvait ressembler à des formules mathématiques.
Ayant presque fait le tour complet de la salle, il s'aperçut que les signes continuaient au sol. Il poursuivi à quatre pattes l'étrange message. Il se rendit compte que les inscriptions tournaient dans la pièce en une grande spirale dont le centre était une pierre vierge de toute inscription. Décontenancé, Pierre se demanda ce qu'il pouvait y avoir eu à cet endroit. En cherchant un sens à tout ce qu'il avait vu, il réalisa que le point central d'une spirale est soit un point d'arrivée soit un point de départ. Dans la logique du sens de l'écriture, c'était un point d'arrivée. Elias avait donc cherché à montrer quelque chose. Mais quoi ?

Il repartit consulter le carnet de bord pour tenter de trouver des indices. Avec d'infinies précautions, il tenta de tourner les pages : elles tombèrent en poussières au seul toucher de ses doigts. Avec un soupir de frustration qui fit voler la poussière, il referma le carnet. Et découvrit ce qu'il cherchait :
sur la couverture, une spirale, encadrée en haut par l'inscription « In centrum Spiralis » et en dessous par V.I .T.R.I.O.L.
Bien avancé, il s'interrogea :
«  Le latin ça fait longtemps mais In Centrum Spiralis, c'est facile : au centre de la spirale. Mais pourquoi du vitriol ? »
Il chercha du vitriol sur la table encombrée de flacons et autres fioles. A vrai dire, il n'avait aucune idée  de ce à quoi ça pouvait ressemblait, il savait juste que c'était une espèce d'acide et donc que ça devait avoir une odeur âcre. Les marées du temps étant passées, les liquides restant n'avaient plus ni nom ni odeur. Pierre était encore plus frustré : pour quoi parler de vitriol et ne pas en avoir ? Ou alors il avait mal lu.
Il retourna voir le carnet. En scrutant la couverture, il vit ce qu'il n'avait pas vu la première fois : les lettres étaient séparées par des points. Ce n'était pas un mot mais un acronyme !! S'il était satisfait d'avoir trouvé l'astuce, il était bien avancé : son niveau de latin ne lui permettait pas de traduire la formule entière.
Le smartphone ! Dégainant l'appareil, il entra l'acronyme sur un moteur de recherche. Pas réponse. Si profond sous terre, il n'y avait bien sûr pas de réseau. Mais comme tous les technophiles acharnés, Pierre ne pouvait pas croire qu'il n'y avait pas quelque part un peu de ce précieux réseau.. Smartphone en l'air a bout de bras, il fit le tour de la pièce. « Aucun réseau » signalait l'appareil.
En passant par hasard sous le trou du plafond, une barre apparu ! Il appuya frénétiquement sur envoi. Après un long moment qui le fit douter, la réponse s'afficha :
« V.I.T.R.I.O.L : formule alchimique signifiant Visita Interaction Terrae Rectificandoque Occulum Lapidem. Peut être traduit par : Examine l'intérieur de la terre et en déplaçant, tu trouveras la pierre cachée ».
Son cœur fit un bond. Se pourrait-il qu'il l'ait trouvé ?

La formule complète donnait : Au centre de la spirale, examine l'intérieur de la terre et en déplaçant, tu trouveras la pierre cachée.» Tout était clair !
Il se précipita vers la pierre au centre de la spirale. Il la gratta, la frotta, frappa dessus mais rien ne se passa. Puis il comprit : « … en déplaçant... ». Il trouva un vieux couteau avec lequel il commença à gratter le joint autour de la pierre. Une fois dégagée, il essaya de faire levier avec le couteau et elle bougea un peu. Suffisamment pour qu'il puisse enfoncer un peu plus le couteau et attraper la pierre avec le bout des doigts. Il réussit à la faire basculer sur champ et à deux mains, il put la retirer de son emplacement.
Pierre mit la main dans la petite cavité et il sentit un cordon à moitié enterré. Il piocha la terre avec le couteau et fit apparaître le haut d'une bourse. Avec précaution, il sortit la bourse et la déposa sur la grande table. Il l'ouvrit avec soin et sortit un feuillet. Il était écrit en latin donc incompréhensible, tout juste comprit-il deux choses : le nom de son aïeul et « Maledictus Lapis ».
Il plongea la main dans le sac et sentit une pierre. Le cœur battant, il la sortit. En regardant, son cœur manqua un battement : dans sa main, une pierre lourde et dorée.
Incrédule, il ne pouvait détacher son regard de la pierre sur laquelle jouaient les lueurs orangées des torches.
Serrant le poing, il lâcha un long et sonore « Yesssss ! » qui fit trembler les cornues et résonna dans la salle.
Dans le secret de son cachot, l'alchimiste avait donc réussi à fabriquer de l'or. Pierre était riche, le château de famille était sauvé. La formule était sans doute écrite dans un des livres ou sur les murs mais il reviendrait plus tard, avec des experts. Il avait quelques amis mi-franc-maçons mi-alchimistes qui seraient heureux de participer bénévolement à des recherches ésotériques.

Pierre se rua vers la porte fermée, qui s'ouvrit sans difficultés. Il remonta le couloir et arriva sur la corniche. Il attrapa la corde et commença à remonter vers la lumière. Le poids de la pierre le gênait et il avait peur qu'elle tombe au fond de l'oubliette. Il faisait des haltes régulières pour vérifer et s'assurer que la pierre restait en place.
Ce faisant, il imprimait à son insu, un mouvement latéral, de gauche à droite à la corde. Celle-ci frottait contre le bord du puit.
Inconscient du danger, des rêves plein la tête, Pierre montait. Arrivé à environ deux mètres de la surface, sans préavis, la vieille corde céda.
Il n'eut même pas le temps de crier qu'il tombait et heurtait violemment la corniche. A moitié assommé, les deux jambes brisées, il ne pouvait plus bouger.
Reprenant lentement ses esprits, il sortit son smartphone pour allumer la lampe et tenter d'appeler les secours. Son écran était étoilé et ne se déverrouillait plus. A la lueur de l'écran, il vit que la pierre s'était elle aussi cassée dans la chute et elle révélait son secret : une vulgaire roche recouverte d'une pellicule d'or.
Puisque personne ne savait où il était, il était perdu. D'un coup, il lui revint les mots du feuillet : « Maledictus Lapis ». Pierre Maudite.

A travers les siècles, Elias d'Auroum, Alchimiste du Premier Ordre et maître du Grand Oeuvre avait assouvi sa vengeance contre la lignée de celui qui l'avait enfermé sous terre pour de l'or.
Pierre comprit tout cela en un éclair de lucidité.
Alors dans la lueur lointaine des torches de l'oubliette, il crut distinguer une silhouette trouble qui le regardait, la main posée sur le crâne au sourire moqueur posé sur la table.
Lentement, la porte de l'atelier de l'Alchimiste se referma lentement avec un grincement qui ressemblait à un rire.

Seul dans le noir abyssal de l'oubliette, Pierre hurla.


Publié le 28/03/2024 / 19 lectures
Commentaires
Publié le 29/03/2024
Et bien bienvenue et merci beaucoup Artxa, car votre texte est très bien écrit avec de bons descriptifs de paysage et de personnages. J'ai juste été déstabilisé par la transition de l'époque moyen-ageuse avec celle de nos jours, mais vous m'avez très vite récupéré. On plonge dans la seconde partie dans une enquête passionnante et rondement bien menée et l'on est pris dans vos filets de conteur qui sait y faire. Je ne me suis pas ennuyé une seconde jusque cette fin inattendue et pourtant si prophétique. J'espère lire d'autres textes et grand merci au passage pour les mots "rustaud" et "tabard" que je ne connaissais pas. J'ai aussi beaucoup aimé cette phrase : "Il portait ses cicatrices comme on porte une distinction.". Un texte coup de coeur que je recommande. A plus tard j'espère.
Publié le 30/03/2024
Merci pour ces encouragements.
Publié le 31/03/2024
Quand on est obligé d'aller jusqu'au bout de l'histoire parce que l'envie de savoir est la plus forte... c'est que tout est gagné :-) Bravo, car je me suis bien laissé prendre et la fin est réussie. Le coup de la porte qui se referme, au milieu du récit, laissait penser qu'il ne pourrait plus sortir, donc les rebondissements sont vraiment sympas. Par contre, une petite correction des répétitions, fautes et coquilles serait un vrai plus (par exemple : "la forteresse de Thail. C'était une forteresse" - "tours de guets" - "que tu ai répondu" - "que tu contribue" - etc.) Attention aussi aux "," - "^" ... qui manquent ici et là. De même, dans la phrase "Il se repose encore une fois la question et perd quelques secondes de concentration et son pied bute sur une racine. Il s'affale de tout son long" un point à la place du second "et" allègerait le propos en lui donnant plus de rythme :-)) En fait, le plus passionnant est l'écriture de l'histoire, mais ensuite, il faut s'obliger à lire, relire, relire encore jusqu'à s'approcher du texte le plus abouti possible pour s'améliorer encore et toujours.
Publié le 31/03/2024
Merci pour ce commentaire et surtout pour les conseils techniques. On a beau lire et relire, il y a toujours des trucs qui passent à travers.
Publié le 31/03/2024
Oui, et "ça énerve"! Mais en réalité, avec de la patience, reprendre maintes fois un écrit permet avec un peu d'habitude de se faire plaisir aussi. Par exemple, la recherche de synonymes est un exercice amusant parce qu'il permet à la fois de découvrir des mots auxquels on ne pense pas, et qui peuvent être plus jolis, voir plus adaptés, de se rendre compte que certains mots ont énormément de synonymes quand d'autres n'en ont presque aucun (ce qui oblige à tourner différemment les phrases). Par contre, pour les fautes d'orthographe aidez-vous d'un correcteur. Il ne résout pas tout, et la vigilance s'impose, mais cela permet de repérer les mauvaises habitudes que l'on peut avoir, par exemple. Dans votre texte, il me semble que vous avez un petit problème de conjugaison avec la seconde personne du singulier. Et je le dis d'autant plus facilement que j'avais le même travers à une époque :-)
Publié le 01/04/2024
J'aime beaucoup ce genre d'histoire à la trame circulaire. Lorsqu'elles sont bien écrite, comme celle-ci, on se retrouve très vite emporté dans la spirale qu'elle garde caché entre ses lignes. Merci pour cette agréable et mystérieuse lecture
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