Hora d’un long silence

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Le diable et sa charrue accoutré d’un mensonge

Arpente l’univers dans ses bottes de lin

Et jouant de la peur sous son masque félin

Sème son sang maudit sur des cœurs en éponge.

 

Les flammes de la mort recouvrent de leur songe

Les esprits attachés par un très long filin

Aux paroles d’aigreur d’un écrit sibyllin

Que la haine du temps dans la misère plonge.

 

Des rats et des serpents tournent autour des mots

Qui portent les poisons aux bouches des marmots

Dont le regard s’embrase au seul cri de l’archange.

 

Qu’adviendrait-il alors si le rempart de fer

Qui sépare la nuit des braises de l’enfer

Choyait par insouciance et tombait dans la fange ?

 

Francis Etienne Sicard Lundquist ©2023

 

 


Publié le 20/04/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 22/04/2024
Un poème qui évoque que trop bien nos sociétés consumées par la peur jusqu’au cendres de la haine. Car il ne restera rien de notre humanité désincarnée si l’on s’en remet aux sbires de l’apocalypse. Je trouve qu’il faut beaucoup de talent pour rendre poétique l’objet de tous nos tourments.
Publié le 23/04/2024
Certes, Léo, il faut un peu de talent, pour écrie, mais il faut beaucoup de talent pour laisser un tel commentaire. J'ai écrit ce texte après le sept octobre Le poète est aussi celui qui écrit des épopées Je pense par exemple à Joinville, biographe du roy. Les mots ont en eux une puissance inouïe qu'ils ne relâchent que lorsque la parole est touchée. C'est aussi un art d'apprendre à s'en servir, en gonflant la peau des mots d'une sainte colère. Parfois, je m'entrâine aussi sur ce sujet. Merci encore, tu éveilles en moi un grand désir de t'offrir ce partage de pages Cordialement F Etienne. La rive d'un instant abrite une caresse, Qui regale la mer a son premier baiser d'ivresse.
Publié le 29/04/2024
Happé depuis longtemps par la frugalité, prétentieusement peut-être par une forme d'ascétisme, me voilà subitement ébloui par un bijou... de sens ! Quelle belle rencontre avec ce luxe « d'insolence » contre-sybillin si incisivement ciselé… Délicieux camouflet à l’à-peu-près des mots, et à ceux par trop avides d’embobiner des esprits déjà par trop embobelinés. Que dirait aujourd’hui Alexandre Arnoux, lui qui écrivait déjà « Ah, ils t'ont bien embobichonné, les capitalistes, les vautours! » tandis que je biberonnais au bistrot de La Tétine ? Merci Francis pour cette subjuguante expression de ton talent.
Publié le 29/04/2024
Cher jean-luc, magnifique expression de tes impressions devant cette page et de ta richesse intérieure ! Vous lisez non pas entre les lignes mais vous lisez à la lèvre des mots. Merci pour me donner tant de plaisir à respirer un parfum de lilas, s'exhalant de vos mots. Les vers sont parfois des cuirasses sous lesquelles battent le coeur des chevaliers, et parfois ces palais dont brillent l'Andaloousie. Il n'est pas simple de leur faire la morale ! mais comme vous le savez, je suis presque aussi aguerri que Don Quichotte. Merci encore, et à très bientôt. F Etienne
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