Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton âne.
Si j’ai du goût, ce n’est guères
Que pour la terre et les pierres.
Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! Mangeons l’air,
Le roc, les terres, le fer,
Charbons.
Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons !
Attirez le gai venin
Des liserons ;
Mangez les cailloux qu’un pauvre brise,
Les vieilles pierres d’églises,
Les galets, fils des déluges,
Pains couchés aux vallées grises !
Des faims, c’est les bouts d’air noir ;
L’azur sonneur ;
– C’est l’estomac qui me tire,
C’est le malheur.
Sur terre ont paru les feuilles :
Je vais aux chairs de fruit blettes.
Au sein du sillon je cueille
La doucette et la violette.
Ma faim, Anne, Anne !
Fuis sur ton âne.
Août 1872.