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Les fables de Jean de La Fontaine
Le loup et l'agneau

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La raison du plus fort est toujours la meilleure :

Nous l’allons montrer tout à l’heure.

 

Un Agneau se désaltérait

Dans le courant d’une onde pure.

Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,

Et que la faim en ces lieux attirait.

« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?

Dit cet animal plein de rage :

Tu seras châtié de ta témérité.

—Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté

Ne se mette pas en colère ;

Mais plutôt qu’elle considère

Que je me vas désaltérant

Dans le courant,

Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;

Et que par conséquent, en aucune façon

Je ne puis troubler sa boisson.

—Tu la troubles, reprit cette bête cruelle ;

Et je sais que de moi tu médis l’an passé.

—Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?

Reprit l’agneau ; je tette encor ma mère

—Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

—Je n’en ai point.—C’est donc l’un des tiens ;

Car vous ne m’épargnez guère,

Vous, vos bergers et vos chiens.

On me l’a dit : il faut que je me venge. »

Là-dessus, au fond des forêts

Le loup l’emporte et puis le mange,

Sans autre forme de procès.

Publié le 08/11/2025
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