Je la rencontre à l’anniversaire de mariage d’une amie,après trente ans.Au bout de cinq minutes de conversation, elle me demande du bout des lèvres si elle a changé. Je lui réponds que le temps n'a pas de prise sur elle, mais je ne le pense pas.
Je ne lui retourne pas la question. Je me sens mieux qu'à vingt ans, débarrassé des scories de mon éducation et orphelin, de surcroît.
Que faire de son temps quand on n'a pas le temps ? Privilégier le lever, l’heure du petit déjeuner et des ablutions.
Je rencontre le jeune associé de Jean-Claude Van Houten, qui était à l'Université avec moi. Je demande de ses nouvelles. Il est décédé, depuis trois ans, d'un cancer du foie, mais son nom demeure sur le papier en-tête de la société.Très rigoureux de son vivant, il prête à présent à confusion.
Trois mois plus tard, je reçois un faire-part de décès d'un autre camarade d'Université. Paix à son âme !
Le temps qui passe, c'est la mort des autres. J'ai envie de dire à ceux qui ont peur de vieillir qu'ils peuvent choisir de mourir.
Le temps qui passe, c'est aussi rester assis huit heures d'affilée, dans un café désert, à enfiler les perles parce qu'on n'a rien de mieux à faire, et parce qu’à le faire chaque jour, on n'a pas l'impression du temps qui passe.
Marcel nous a quitté le 29 avril 2020 et c’est avec l’accord de son épouse et avec le souvenir de tous ses amis que nous sommes très heureux et émus de continuer à faire connaître ses textes et son talent que vous retrouverez sur ce compte. N’hésitez pas à vous y abonner, à partager ses textes, et à laisser des commentaires pour faire perdurer ses textes et son souvenir.
