La terre a tout son temps.
J'enfile mes skis courts qui me permettent de virer serré.
La neige, qui est tombée sans discontinuer depuis dimanche dernier, laisse peu de points de repère.Il n'y a qu'en ville que la neige n'est pas blanche.
Devant moi s'étend le grand manteau blanc d'où surgissent par endroits quelques membres tordus par le froid, la rage, ou autre chose.Je suis en partie haute et profite ainsi de cette vue immuable.
Je descends la pente exquise vers la vallée,au ralenti de mes skis courts. Le ciel aussi est blanc, peut-être gris clair. Mon daltonisme me gêne. Mais, l'essentiel n'est pas là. Il est dans ce silence ! Nul bruit de moteur, de voix. Même pas le souffle du vent. Nulle odeur. Mes skis, montés sur coussins d'air, ne crissent ni ne vibrent.
J'approche du fond de la vallée. Je vais jouer serré. Une multitude de bosses oblongues, alignées, à intervalles réguliers sur plusieurs kilomètres carrés, me fait face. Le cimetière sous la glace !
La neige qui recouvre ces formes, curieusement les exhausse, les mettant en valeur, comme ici toute chose.
Celle qui sera ma bosse est au fond, à gauche.
Marcel nous a quitté le 29 avril 2020 et c’est avec l’accord de son épouse et avec le souvenir de tous ses amis que nous sommes très heureux et émus de continuer à faire connaître ses textes et son talent que vous retrouverez sur ce compte. N’hésitez pas à vous y abonner, à partager ses textes, et à laisser des commentaires pour faire perdurer ses textes et son souvenir.