(Vous par un autre) LE BUTIN RESTITUE

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Une heure plus tard, mon père revint en trombe sur ses traces, gara sa voiture, gravit deux par deux les marches de l’escalier et disparut dans notre villa située à Waldé, un quartier périphérique de la ville de Massakabat au Cameroun. Une demi-heure plus tard, il en ressortit et atteignit Global Enterprise en un quart d’heure de route.

A son bureau, il reçut l’appel de Lelafrique, son patron.

« J’attends toujours que vous m’envoyiez l’argent-là pour que je le remette à Xavier qui me l’a prêté.

- De quel argent parlez-vous ?

- Vous m’avez demandé de vous faire un transfert de deux millions pour résoudre un problème urgent ce matin, non ! Ce n’est pas mon argent ; on me le réclame déjà d’ailleurs.

- Moi ? Quoi ? Je ne sais pas de quoi vous parlez !

- Qui donc s’est servi de votre appareil pour me demander de l’argent ce matin ?

- Une minute, permettez-moi de vérifier l’historique de mon Mobile Money. »

Après une vérification rapide dans son compte, il informa son patron qu’un inconnu avait effectué des transactions sur son compte mobile.

« De toute façon, tâchez de me rendre cette somme dans une heure, c’est compris !

- Oui, patron, dès que possible je vous ferai signe »

Mon père redescendit de son véhicule et réintégra le bureau. Il ralluma son téléphone, appela quelques contacts, qui étaient non joignables.

Une demi-heure plus tard, il revint de la chasse à l’argent en ville, bredouille, et se rassit à son bureau. Malgré le climatiseur allumé, de grosses gouttes de sueur coulaient de son visage et s’écrasaient sur les dossiers des usagers placés devant lui

Quand midi eut sonné, il endossa sa veste et quitta le bureau, sur les regards inquisiteurs de ses collègues.

À table, lorsque toute la maison se fut réunie pour manger, mon père dut répondre aux questions de mes frères qui voulaient avoir le cœur net par rapport à cette affaire.

« N’as-tu communiqué ton code secret à personne ?

- Non ! Jamais !

- Comment un inconnu a-t-il pu donc sans le code secret se servir de ton téléphone pour arracher de l’argent à ton patron ?

- Et pourtant le téléphone était à la maison, et tu étais le dernier à sortir ce matin !

- Et la maison n’a pas été cambriolée non plus !

- C’est de la sorcellerie pure et dure, ça !

- Et notre mère a voyagé avec les doubles des clés !

- Comment quelqu’un s’est donc s’infiltré dans cette maison, et ne s’occuper que de fouiller ton téléphone ?

- That’s the question ! Je vais faire une neuvaine pour retrouver ce voleur. Cette prière se fait à l’aide d’un fil noir enroulé autour d’une bougie allumée. Au bout du neuvième jour, le voleur sera dévoilé, et il aura pour son compte… »

La conversation fut interrompue par un autre coup de fil du patron.

« As-tu trouvé quelque chose entre-temps ?

- Pas encore patron, répondit Faustin d’une voix chevrotante

- Je n’aime pas, Faustin, cette manière de faire. Ça c’est de l’escroquerie !

- Je ne sais qui s’est au juste servi de mon téléphone pour vous subtiliser de l’argent !

- Tu me proposes encore quel autre délai ?

-Peut-être demain encore, patron.

- En tout cas, bats-toi comme un homme pour me trouver cet argent  le plus tôt possible. »

Mon père poussa un soupir de soulagement quand le patron eut raccroché. Il pointa ensuite du regard un coin du salon, puis se retira dans sa chambre, et en ressortit peu de temps après. Sans plus prendre congé de nous, il s’élança au dehors, et, au volant de sa voiture, courut vers son lieu de travail.

Une fois le repas achevé, après le départ de notre père, J’allai rencontrer Lelafrique qui était en mission à Dompta.

Dans l’autobus, je me mis à éplucher les différents dossiers du téléphone de mon père. Après un clic sur le dossier des photos s’affichèrent des images de femmes et de jeunes filles en costume d’Eve, de tous les âges et de toutes les couleurs, de celles aux gros seins jusqu’à celles à la bite rasée en passant par celles au derrière aplati ou développé.

Après m’être rincé les yeux en quelques minutes à ces images, je découvris plus loin les photos de mon propre père, en costume d’Adam, en ébats sexuels dans un lit d’hôtel avec une voisine. Je refermai ce dossier pour la bibliothèque YouTube où dominaient d’autres vidéos érotiques à crever les yeux.

Au moment où j’allais cliquer sur une vidéo, je dus d’abord décrocher un appel qui s’imposait. Je raccrochai après avoir rassuré Lelafrique que la solution à son inquiétude était en cours de téléchargement.

De retour sur la vidéo, je raccrochai un autre appel, d’un inconnu avant d’attaquer l’exploration du compte WhatsApp de mon père. Au même instant, l’autobus entrait dans l’agence de Dompta. Un quart d’heure plus tard, Lelafrique me reçut dans sa chambre d’hôtel, et m’écouta religieusement avant de me poser la première question.

« Qu’as-tu fait pour que je te défende auprès de ton père ?

- C’est moi qui vous avez emprunté les deux millions de ce matin …S’il l’apprend, il me tuera …

- … pourquoi ne m’as-tu pas demandé directement cet argent pour ton business ?

- Me l’auriez-vous donné quand même, vous et mon père-là ?

- Bien sûr que oui !

- OK. C’est du passé. Ce business m’a rapporté sept millions, je vous rapporte les deux millions, et vous offre en plus cinq cents mille francs; n’importunez plus mon père. »

Une trentaine de minutes plus tard, j’étais arrivé à Massakabat. Une fois les portes franchies, j’effaçai mes traces dans le téléphone avant de le remettre à sa place dans la chambre de mon père. J’en ressortis en tenue de sport, un ballon de football au pied, pour le stade du quartier.

De son retour à Massakabat, Lelafrique convoqua mon père à son bureau, lui fit grâce de mon emprunt et m’accorda une bourse d’études.

Un matin, après mon départ pour la France, mon père apprit que c’était moi qui m’étais servi de son portable pour emprunter de l’argent à son patron.

 


Publié le 29/10/2021 /
Commentaires
Publié le 30/10/2021
De très bonnes bases pour un thriller financier. merci pour cette lecture
Publié le 30/10/2021
Merci Lacki pour votre participation. J'ai souris en lisant " la solution à son inquiétude était en cours de téléchargement.", une formule gagnante pour bien faire ressortir l'omniprésence de l'internet dans nos vies et de son impact dévastateur. J'aurais aimé plus de présentation car au final on ne sait que peu de choses des protagonistes, l'histoire ayant pris le dessus. Merci pour cette participation qui nous fait voyager. A plus tard.
Publié le 03/11/2021
Le père a un premier bureau et un deuxième bureau disons, mais pourquoi le fils emprunte-t-il cette somme? À quoi va lui servir ce butin? J'aime beaucoup: "c'est de la sorcellerie tout ça"/"Je vais faire une neuvaine pour retrouver ce voleur. Cette prière se fait à l’aide d’un fil noir enroulé autour d’une bougie allumée. Au bout du neuvième jour, le voleur sera dévoilé, et il aura pour son compte… ". A la fin c'est de la sorcellerie vraiment cette histoire, parce que je ne comprends pas qui appelle le héros: la maîtresse dont il est question dans le lit d'hôtel? Le héros doit-il emprunter de l'argent pour monter une affaire? en a-t-il besoin pour partir pour la France? lui-même est-il en relation avec cette voisine?
Publié le 07/11/2021
il s'en passe des choses tout là-bas...
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